Très peu de temps après la publication dans « Human Molecular Biology » des travaux du Pr Philippe Froguel, qui montrent la responsabilité du gène ACPR30/adiponectine dans la prédisposition à l'infarctus (« le Quotidien » du 22 novembre), une équipe américaine (Eric Topol et coll., Cleveland Clinic Foundation) suggère dans « Circulation » que des variants génétiques de la thrombospondine peuvent expliquer pourquoi des familles sont exposées à la survenue d'un accident cardiaque prématuré et qu'un autre variant, au contraire, exerce un effet protecteur.
Cette étude génotypique, qui a été conduite dans quinze centres, a consisté à analyser 62 gènes chez 352 sujets ayant une maladie coronarienne et 418 sujets indemnes. Les chercheurs ont découvert, dans des familles de patients coronariens, des variations dans des gènes de la thrombospondine (polymorphisme portant sur un seul nucléotide ; SNP pour Single-Nucleotide Polymorphism).
La thrombospondine agit, on le sait, sur un certain nombre de facteurs associés à la maladie coronarienne : croissance des néovaisseaux, formation de caillots, réponse vasculaire aux LDL oxydées.
Dans les familles de coronariens, au moins deux membres avaient eu un accident cardiaque ou une revascularisation à un âge relativement jeune : 45 ans chez les hommes, 50 ans chez les femmes. Par rapport aux familles indemnes, les membres des familles atteintes étaient plus volontiers des hommes, diabétiques, hypertendus et ayant un indice de masse corporelle élevé.
Le variant TSP-4 (thrombospondine-4) était associé au risque le plus élevé d'infarctus prématuré : les patients qui le possèdent ont un risque d'accident cardiaque majoré de 89 %. En revanche, le variant thrombospondine-2 exerce un effet protecteur : le risque est diminué de 69 %. Enfin, les sujets possédant en deux exemplaires le variant thrombospondine-1, qui est un variant non sens, ont un risque élevé d'accident prématuré et des taux plasmatiques très faibles de thrombospondine-1.
Les chercheurs estiment que leurs résultats indiquent un lien biologique potentiel entre les variations de la thrombospondine et l'atteinte coronarienne prématurée. « Cela mérite d'autres études pour valider l'association et en expliquer le mécanisme biologique », estime Eric Topol. Ces résultats doivent en effet être répliqués et élargis pour déterminer le mécanisme précis par lequel ces variants peuvent provoquer un accident cardiaque prématuré. La thrombospondine, explique Topol, joue un rôle essentiel dans l'intégrité vasculaire et la thrombose ; si elle est altérée, elle peut jouer un rôle dans l'athérosclérose prématurée et l'infarctus.
« Circulation » du 27 novembre 2001.
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