La recherche de facteurs biologiques diagnostiques et pronostiques de l'infarctus du myocarde a été toujours été d'actualité. Si longtemps, les cardiologues se sont basés exclusivement sur l'étude de l'électrocardiogramme, les dosages de CPK fraction MB puis de tropinine I et T ont bouleversé l'approche des sujets présentant un syndrome coronarien aigu.
Dans le cadre de la recherche d'un marqueur fiable du pronostic de l'insuffisance cardiaque, un peptide - le BNP (B-type natriuretic peptide) - à été identifié dès les années quatre-vingt dix. Ce peptide est sécrété par le ventricule gauche sous l'influence de ses pressions de remplissage. Le dosage est réalisable à partir d'un prélèvement veineux périphérique et aucune condition particulière de transport n'est nécessaire pour son acheminement au laboratoire. Ces particularités, la rapidité des manipulations du dosage et son coût modéré en font un outil diagnostique particulièrement utile en routine.
Une équipe de cardiologues suédois de l'hôpital Sahlgrenska, de Göteborg, a procédé à une mesure systématique de la fraction N terminale du peptide BNP chez tous les sujets admis aux urgences pour un syndrome coronarien aiguë avec ou sans modification du tracé ECG.
Plus de 200 000 sujets inclus
Entre septembre 1995 et février 2000, 609 sujets ont été examinés dans le service d'urgences avant d'être hospitalisés dans une unité de soins intensifs de cardiologie. 204 d'entre eux présentaient un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST, 220 une pathologie similaire sans modification du tracé ECG, enfin, 185 présentaient un angor instable. Le suivi moyen des patients inclus dans l'étude a été de 51 mois (de 19 à 72 mois) et durant ce temps, 86 patients sont décédés (soit 14 %). Le taux de N-BNP chez les survivants à long terme était en moyenne plus élevé que chez les autres patients (442 contre 1 306 pmol/l). Après ajustement pour l'âge, le degré d'insuffisance cardiaque, la fraction d'éjection systolique, le N-BNP est resté un marqueur significativement associé au pronostic du syndrome coronarien aigu.
Pour les auteurs, « ce test doit maintenant, au même titre que la mesure des CPK-MB et des troponines, être pratiqué de façon systématique chez les patients admis pour syndrome coronarien aiguë. En se basant sur l'analyse de ces différentes données, un traitement optimisé et personnalisé pourra être mis en place ».
Pour les éditorialistes James de Lemos (Dallas) et David Morrow (Boston), « les protocoles d'utilisation optimale des différents dosages biologiques doivent encore faire l'objet d'études précisant l'importance relative de ces mesures en fonction des différentes catégories de patients ».
« Circulation », 12 novembre 2002.
L'insuffisance cardiaque aussi
En septembre 2002, au cours du congrès annuel de l'insuffisance cardiaque aux Etats-Unis, le Dr Mark Richards a présenté les résultats préliminaires d'une étude sur l'intérêt de la mesure du N-BNP chez des patients souffrant d'insuffisance cardiaque.
A six mois, les sujets chez qui le traitement était ajusté sur une mesure régulière du N-BNP ont vu leur nombre de réadmission hospitalière pour insuffisance cardiaque et leur taux de décès diminué significativement par rapport aux sujets contrôles. En outre, une étude pilote du même auteur, publiée dans le « Lancet », en août 2002, sur 69 insuffisants cardiaques montrait que la mesure du N-BNP pouvait représenter un outil facilitant la mise en place par différentes traitements tels que les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, les inhibiteurs de l'angiotensine II, les bêtabloquants, la spironolactone, les diurétiques et les digitaliques.
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