Les recherches sur les techniques de réparation cardiaque dans les suites d'un infarctus du myocarde se sont multipliées ces dernières années.
Depuis 2002, la piste du recrutement des cellules souches de la moelle osseuse a été développée. Ces cellules peuvent, en effet, se différencier au sein du tissu myocardique lésé en myocytes, cellules endothéliales et en cellules musculaires lisses.
Parmi les facteurs induisant la mobilisation des cellules souches, les cytokines produites par le myocarde lésé semblent jouer un rôle prépondérant. En réponse à la stimulation par les cytokines, on assiste à une majoration du taux des CD34+ dans le sang périphérique. Jusqu'à présent, ce phénomène n'a été décrit que sur des modèles animaux.
Majoration du taux de CD34+
L'équipe de Daniel Spevack (New York) a mis en place une étude sur 42 sujets ayant présenté un infarctus du myocarde et chez qui ils ont mesuré le taux des CD34+ dans les douze jours qui ont suivi l'accident coronarien. « Au cours des vingt-quatre premières heures, le taux des CD34+ se majore par rapport à celui de sujets témoins appariés, et c'est au huitième jour que ce taux est le plus important (+ 74 % par rapport aux sujets témoins). Le nombre de leucocytes présents dans le sang circulant passe de 11 400, en moyenne, à J1 à 7 700 à J12. La mesure sanguine du HGF (Hepatocyte Growth Factor, une des cytokines circulantes) est majorée d'un facteur 9,3 à J1 par rapport aux témoins, et ce chiffre baisse régulièrement jusqu'à J12. Les autres cytokines circulantes (SDF-1, IL17, MCP-1 et TPO) n'ont pas varié par rapport aux valeurs de base », analysent les auteurs.
D'autres cardiologues ont cherché le meilleur moyen de favoriser la mobilisation des cellules souches médullaires en injectant dans un modèle animal d'infarctus du myocarde trois cytokines distinctes en utilisation simple ou combinée : le G-CSF (Granulocyte Colony Stimulating Factor), le GM-CSF et le SDF-1.
Augmentation du volume d'éjection systolique chez l'animal
L'administration de G-CSF dans les deux jours suivant l'infarctus induit une majoration d'un facteur 7,5 du nombre des vaisseaux sanguins dans la région péri-infarctus après un délai de deux semaines. En revanche, l'utilisation de GM-CSF a donné de bien moins bons résultats. Le volume d'éjection systolique des animaux traités par G-CSF s'est amélioré en moyenne de 10 % entre le moment d'entrée dans l'étude et la fin de la seconde semaine de suivi, alors que, chez les animaux témoins, il baissait de 14 %. En outre, l'injection intracardiaque de SDF-1 permet une baisse significative du taux d'apoptose des cardiomyocytes par rapport aux témoins. Pour les auteurs, « l'utilisation combinée de G-CSF par voie périphérique et de SDF-1 en injection intracardiaque pourrait permettre une mobilisation significative des cellules souches intramédullaires et contribuer à limiter précocement l'effet de l'ischémie myocardique ».
Enfin, le Dr Chris Glover a présenté les résultats d'une étude préliminaire sur l'utilisation d'une cytokine, le G-CSF, chez trois patients dans les suites d'un infarctus myocardique. Ils ont reçu cette cytokine par voie sous-cutanée (une fois par jour, quatre jours par semaine, pendant deux semaines) à une posologie adaptée à leur poids. A J4, le nombre de globules blancs circulants est passé de 10 500 à 54 000, en moyenne. Le nombre de CD34+ (marqueur du recrutement des cellules souches médullaires) a, lui aussi, été majoré de façon significative, ainsi que la fraction d'éjection systolique (de 27 à 35 %). Aucun de ces patients n'a présenté d'effet indésirable après six semaines de suivi. Bien que cette étude n'ait inclus qu'un faible nombre de sujets et qu'elle n'ait pas bénéficié d'une comparaison avec du placebo, ces premiers résultats semblent prometteurs.
Congrès de l'American Heart Association. Communications de Daniel Spevack (New York), Michael Schuster (Melbourne) et Chris Glover (Ottawa).
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