N OUS sommes entrés dans l'ère des tentatives de réparation d'un myocarde lésé par un infarctus à l'aide d'autogreffes cellulaires. Le 15 juin 2000, on s'en souvient, des Français réalisaient une première chez un patient de 72 ans, insuffisant cardiaque, moins de deux ans après un infarctus, dans le cadre d'une intervention pour double pontage : la greffe dans le myocarde de myoblastes prélevés dans la cuisse, cultivées et multipliées in vitro (Philippe Menasché et coll., lire « le Quotidien » du 19 octobre 2000). Cette première a fait l'objet d'une publication dans le « Lancet » du 20 janvier 2001. Par la suite, la même équipe a réalisé la même procédure chez d'autres patients. En mai 2001, des résultats encourageants sur cinq patients étaient présentés à un congrès parisien.
Phase II européenne avec le protocole français
La phase I de essais (fin 2001), sera suivie par un travail de phase II contrôlé, multicentrique, européen, concernant une centaine de patients ; il aura pour objet d'affirmer l'efficacité de la technique.
Maintenant, ce sont des Allemands qui viennent de tenter un autre type d'autogreffe : des cellules souches de moelle qui, totipotentes, ont la capacité de se transformer en cardiomyocytes. La procédure dont fait état l'université Heinrich-Heine de Düsseldorf a été appliqué pour la première fois à un patient de 46 ans ayant eu un infarctus du myocarde en mars, avec détérioration d'une grande partie du ventricule gauche. Quatre jours plus tard, les médecins allemands lui prélevaient de la moelle osseuse qu'ils injectaient, à thorax fermé, dans la partie lésée de son ventricule gauche. Dix semaines plus tard, on constatait une nette amélioration de la fonction cardiaque ; ce qui suggère que les cellules souches de moelle se sont transformées en cardiomyocytes ; toutefois, il n'a pas été pratiqué de biopsie pour le prouver.
La même procédure aurait été réalisée chez six autres patients, dont l'état cardiaque se serait également amélioré.
Cellules souches embryonnaires humaines
Au-delà de ces travaux cliniques, la recherche fondamentale continue. Dans ce cadre, une équipe israélienne (Lior Gepstein et coll., Haïfa) montre que des cellules souches embryonnaires humaines sont capables de se différencier en cellules se contractant spontanément et ayant les propriétés de cardiomyocytes (« J Clin Invest », 2001 ; 108 : 407-414). Selon les auteurs, ces résultats pourraient conduire à des traitements destinés à remplacer le tissu myocardique détruit par un infarctus. « Une nouvelle approche thérapeutique potentielle pourrait consister à accroître le nombre de myocytes fonctionnels après la transplantation de cellules myogéniques », estime Lior Gepstein.
Certes, on avait déjà obtenu la différenciation de cellules souches embryonnaires en cellules cardiaques chez la souris (« Cardiovac Res », 1997), mais le nouveau travail israélien est le premier à donner des résultats chez l'homme.
« Puisque les cardiomyocytes foetaux humains ne peuvent pas être obtenus en nombre suffisant pour une utilisation clinique, les cellules souches embryonnaires humaines peuvent constituer une option attrayante », estime Gepstein. Toutefois, il faudra attendre longtemps avant que cette éventualité devienne réalité.
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