CLASSIQUE
Dans cette « Giselle » du Suédois Mats Ek, créée en 1982 pour le Ballet Cullberg à Stockholm, entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris en 1993, les Wilis sont priées de déposer leurs ailes au vestiaire ! Plus de chaumière ni de Pas des vendangeurs mais une Giselle demeurée du village, une quasi Bécassine qui se laisse séduire par Albrecht, un séducteur de la ville. L'affaire tourne mal, se termine dans un hôpital psychiatrique par une formidable rédemption par l'amour. Personne ne meurt dans cette « Giselle » mais on va au bout des émotions et des situations avec la force des images et de la danse.
Après ce coup de génie, Mats Ek a bien essayé de renouveler sa réussite avec d'autres ballets du répertoire classique. En vain, sa « Belle », présentée par les danseurs du Ballet Cullberg à Paris (voir « le Quotidien » du 22 juillet 1998), comme son « Lac » n'ont pas convaincu. « Giselle », le chef-d'uvre du ballet romantique, a assez de force dans son argument et ses personnages pour supporter ce traitement, inapplicable aux histoires de princes charmants trop ancrées dans leur contexte. Et la chorégraphie de Mats Ek est tellement riche que l'on y découvre à chaque fois quelque chose de neuf, d'autant que les interprètes nouveaux y apportent de nouvelles propositions et que le chorégraphe est là pour superviser la reprise.
Pour cette reprise, deux étoiles débutaient dans les rôles de Giselle et d'Albrecht : rien moins que Manuel Legris et Aurélie Dupont, deux interprètes entièrement impliqués, allant jusqu'au bout du parti pris de Mats Ek. Legris apporte à Albrecht son élégance naturelle, sa souplesse de félin et l'acquis d'une technique classique superlative, formidablement adaptée à la danse moderne. Aurélie Dupont, la plus jeune des étoiles du Ballet, est peut-être encore un peu trop fraîche et timide pour rendre toute la crédibilité de la folie de Giselle. Bien que formidablement dansé et séducteur, son personnage doit encore gagner en évolution dramatique tout au long de la pièce. Wilfried Romoli touche beaucoup dans le personnage frustré d'Hilarion, qu'il danse à la perfection, et Marie-Agnès Gillot est superbe d'autorité en Bathilde puis en Infirmière/Myrtha.
Pas d'orchestre pour cette version qui se contente d'une musique enregistrée mais honte aux services techniques pour une si mauvaise sonorisation aggravée de défaillances inadmissibles dans la retransmission ! Le Palais-Garnier entièrement rénové mérite une meilleure installation sonore car, même si les spectacles à musique enregistrée ne sont pas la règle, l'exception justifie la perfection.
Prochain spectacle du Ballet de l'Opéra de Paris : « La Bayadère », chorégraphie de Rudolf Noureev, à l'Opéra-Bastille (08.92.69.78.68) du 17 novembre au 5 janvier. Prix des places : de 420 F (64 euros) à 52 F (8 euros).
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