LE MENSUEL « Que choisir », organe de l'Union fédérale des consommateurs, vient de rendre publique une «analyse des dépenses de médicaments remboursables suite à une prescription de ville». Ce travail démontre, selon ses auteurs, «l'existence d'un immense gâchis qui résulte de prescriptions médicales manifestement irrationnelles».
Ciblée sur quatre classes thérapeutiques, l'enquête de « Que choisir » n'y va pas par quatre chemins. Les laboratoires y sont, par exemple, accusés d'avoir «contourné l'arrivée (de) génériques» et incité «les médecins de ville à prescrire un nouveau médicament dont les ventes se sont fortement accélérées» – médicament n'étant «pas plus efficace» que d'autres dans la même classe thérapeutique, mais se révélant en revanche «plus coûteux pour la collectivité». Ailleurs, ce sont les médecins qui, selon le magazine, auraient préféré prescrire «en masse» un médicament à l'efficacité «jugée inférieure» par la Haute Autorité de santé (HAS), alors que d'autres choix auraient été, là encore, «plus efficaces et moins coûteux pour la collectivité».
Au total, le magazine juge que «ce gâchis aura coûté au minimum 650millions d'euros à la Sécurité sociale entre 2002 et 2006», sur les classes thérapeutiques visées par l'étude.
Après le constat, l'analyse. Le mensuel des consommateurs montre les laboratoires pharmaceutiques du doigt, accusés d'exercer sur les médecins de ville «une emprise quasi exclusive» qui leur ferait «perdre le contrôle de leurs prescriptions» ; il propose en conséquence la création d'un corps de 1 700 visiteurs médicaux placés sous la responsabilité de la HAS et financés pour moitié par l'industrie pharmaceutique. Ces nouveaux visiteurs se substitueraient pour tout ou partie à ceux de l'industrie pharmaceutique.
Par la voie du Leem (Les Entreprises du médicament), l'industrie n'a pas tardé à réagir à cette enquête. D'un point de vue général, le Leem commence par rappeler que la contribution des entreprises qu'il représente à la résorption des déficits s'est montée «à 3,5milliards d'euros ces dernières années». Les laboratoires précisent que la création d'une nouvelle molécule coûte aux alentours de 900 millions de dollars (635 millions d'euros), contre à peine 200 millions (141 millions d'euros) dans les années 1970. Quant aux visiteurs médicaux de l'industrie pharmaceutique, le Leem rappelle que leurs missions «comportent des implications déontologiques fortes. Le cadre législatif et réglementaire national et européen donne des limites et définit, qualitativement et quantitativement, le champ des relations licites entre entreprises du médicament et prescripteurs. Au-delà de ce cadre, que complètent diverses chartes ou conventions spécifiques, les firmes pharmaceutiques se sont pour la plupart dotées de règles internes contraignantes».
Alain Bazot, président de l'Union fédérale des consommateurs, a précisé que d'autres études, «portant sur d'autres classes thérapeutiques», seraient publiées dans les prochaines semaines.
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