L'incontinence urinaire affecte deux fois plus souvent la femme que l'homme ; elle touche environ vingt millions de femmes aux Etats-Unis.
Un facteur de risque bien établi d'incontinence chez les femmes jeunes et d'âge moyen est le fait d'avoir eu un ou plusieurs enfants. Mais comment la grossesse, l'accouchement par voie basse et la césarienne contribuent-ils à ce risque ? On l'ignore, car les études épidémiologiques et physiopathologiques qui ont évalué la relation entre le mode d'accouchement et l'incontinence ont été peu probantes.
L'étude épidémiologique norvégienne de Rortveit et coll. (université de Bergen) apporte aujourd'hui une idée plus précise de cette relation. L'étude cumule plusieurs points forts. Elle porte sur un large groupe de femmes (n = 15 307 femmes) qui ont été sélectionnées à partir de la population d'une région norvégienne. Toutes les femmes de cette région ont été invitées à se rendre à un dépistage et à répondre à un questionnaire, et plus de la moitié ont répondu à cette invitation. Les réponses ont ensuite été liées au Registre médical des naissances de la Norvège. Les femmes sont âgées de 20 à 65 ans et elles n'ont pas été étudiées uniquement durant la période du post partum.
Autre point fort : le questionnaire très détaillé sur l'incontinence permet des analyses de sous-groupe par rapport à l'âge, au type d'incontinence et à sa sévérité.
Dernier point fort : les investigateurs ont sélectionné seulement trois groupes de femmes : celles qui n'ont pas eu d'enfants ; celles qui ont uniquement accouché par voie basse ; et celles qui ont accouché uniquement par césarienne. Cette sélection rend les résultats plus clairs.
Césarienne : incontinence d'effort et mixte
Alors que la prévalence d'incontinence se révèle être de 10 % chez les femmes nullipares, cette prévalence ajustée à l'âge est plus élevée chez les femmes qui ont accouché par césarienne ; elle s'élève à 16 %, et davantage encore chez les femmes qui ont accouché par voie basse, avec une prévalence de 21 %.
Le risque d'incontinence modérée ou sévère suit la même pente parallèle selon ces trois groupes : 3,7 %, 6,2 % et 8,7 %, respectivement. La prévalence d'incontinence d'effort (fuite lors d'efforts de toux, éternuements ou pendant l'exercice) est, respectivement, de 4,7 %, 6,9 % et 12,2 %. La prévalence d'incontinence impérieuse (grosses fuites à des moments inattendus, y compris la nuit) est, respectivement, de 1,6 %, 2,2 % et 1,8 %. Et la prévalence d'incontinence mixte est de 3,1 %, 5,3 % et 6,1 %.
Ainsi, les femmes qui ont accouché par césarienne ont 50 % plus de risque d'incontinence que les femmes nullipares (RR ajusté à l'âge : 1,5) et 40 % plus de risque d'incontinence modérée ou sévère. Et les femmes qui ont accouché par voie basse ont 70 % plus de risque d'incontinence que celles qui ont accouché par césarienne (RR ajusté à l'âge : 1,7), et deux fois plus de risque d'incontinence modérée à sévère (RR ajusté à l'âge : 2,2).
Comparée à l'état nullipare, la césarienne est associée aux incontinences d'effort et mixte, tandis que l'accouchement par voie vaginale accroît davantage encore le risque d'incontinence d'effort uniquement.
« Nous avons trouvé que la maternité est associée à un risque accru à la fois d'incontinence d'effort et d'incontinence mixte, alors que seul le risque d'incontinence d'effort est associé au mode d'accouchement », en déduisent les chercheurs.
« New England Journal of Medicine » du 6 mars 2003, p. 900.
Le risque lié à la grossesse
« Ces résultats suggèrent que la distension mécanique durant le travail pourrait s'ajouter au risque lié à la grossesse elle-même », notent-ils. Toutefois, cela, soulignent-ils, « ne devrait pas servir d'argument pour une utilisation accrue de la césarienne ». D'autant plus que, dans l'étude, l'incontinence chez les femmes de plus de 50 ans n'est plus associée à la façon dont elles ont accouché de leur(s) enfant(s).
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