De notre correspondante
à New York
«C ES résultats nous donnent l'espoir de trouver une solution permanente au problème de l'incontinence urinaire à l'effort », indique, dans un communiqué, le Dr Steven Chung, un des membres de l'équipe de Pittsburgh (University of Pittsburgh Medical Center), qui présentait les résultats de ces travaux chez le rat au congrès de l'American Urological Association.
« Ces résultats sont excitants sur plusieurs points », fait remarquer le Pr Michael Chancellor, qui a dirigé l'équipe. « Tout d'abord, c'est la première fois que le génie tissulaire des cellules souches est utilisé pour régénérer et restaurer la fonction dans des muscles sphinctériens déficients. Deuxièmement, cela constitue les bases pour étudier davantage les méthodes utilisant les cellules souches pour traiter l'incontinence d'urine à l'effort. »
L'incontinence urinaire affecte, rien qu'aux Etats-Unis, 13 millions de personnes. Ceux qui souffrent d'une incontinence d'urine à l'effort ont des fuites lors d'activités ou de mouvements qui produisent une pression sur l'abdomen, comme le rire, ou l'éternuement, la toux, ou bien encore la marche. Cette forme d'incontinence, qui résulte d'une détérioration du sphincter de l'urètre, est souvent causée par l'accouchement, la ménopause, ou la chirurgie pelvienne.
Les rats mâles à sphincter dénervé
Les cellules souches, sous l'influence du stimulus approprié, ont la capacité de se diviser indéfiniment et de se différencier en une variété de cellules. Les chercheurs explorent donc la possibilité de régénérer des tissus abîmés ou lésés en injectant des cellules souches.
Lee, Chung, Chancellor et coll. ont exploré cette possibilité dans leur domaine, celui de l'urologie, afin de réparer le sphincter de l'urètre abîmé. Ils ont pris pour modèle animal le rat mâle dont le sphincter de l'urètre est dénervé. Des cellules souches dérivées du muscle ont été isolées chez des rats normaux et transfectées en culture avec un rétrovirus portant un gène marqueur (gène de la bêta-galactosidase). Ce marquage permet ainsi aux chercheurs de suivre le devenir des cellules souches après injection chez l'animal. Puis un million de cellules souches marquées ont été injectées dans les sphincters de l'urètre dénervé des rats mâles.
Les chercheurs ont examiné les résultats deux semaines après.
Amélioration spectaculaire de l'amplitude de contraction
Dans l'évidente impossibilité d'évaluer l'incontinence urinaire chez le rat par la simple observation, les chercheurs ont enregistré les contractions musculaires rapides après stimulation électrique. Tandis que les sphincters dénervés ont une amplitude de contraction considérablement réduite (6 % seulement de la contraction d'un sphincter normal), les sphincters dénervés traités par cellules souches présentent une amélioration spectaculaire de l'amplitude de contraction (90 % de la contraction d'un sphincter normal). De plus, l'examen histologique démontre la formation de nouvelles fibres musculaires squelettiques au site d'injection dans le sphincter urétral.
Biopsie musculaire au niveau du bras
Interrogé par « le Quotidien », le Pr Chancellor précise, en outre, que les cellules injectées peuvent survivre à long terme : 70 % des cellules persistent lorsque les rats sont observés six mois après, ce qui équivaut à plusieurs décennies chez l'homme. La prochaine étape, indique au « Quotidien » le Pr Chancellor, est de passer à l'application clinique. Il espère traiter la première patiente d'ici à moins d'un an. Elle subirait une petite biopsie musculaire au niveau du bras. Puis ses cellules souches dérivées du muscle (ou CSDM) seraient purifiées et multipliées en culture avant d'être injectées dans le sphincter de l'urètre. Cette approche s'appellerait « urétromyoplastie cellulaire médiée par les CSDM ».
Congrès de l'American Urological Association.
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