En France, l'implantation du système (après test diagnostique d'efficacité) a été seulement réalisée depuis 1996 dans les principaux CHU ; elle est prise en charge dans le cadre du budget global. Un dossier actuellement soumis au ministère de la Santé vise à favoriser l'accès au traitement à un nombre plus important de patients.
Est-il besoin de rappeler la fréquence de l'incontinence urinaire (5 millions de personnes concernées en France dont 500 000 souffrant de troubles très invalidants), et le désarroi de ses victimes parfois confinées à domicile, devant souvent consacrer un budget important à l'achat de couches.
On connaît les incontinences urinaires d'effort, prévisibles, qui relèvent de traitements spécifiques.
L'incontinence par impériosité (1 cas sur 3) est liée à des mécanismes très différents. Les mictions impérieuses sont imprévisibles, survenant à tout moment, indépendamment du taux de remplissage de la vessie, ce sans distinction d'âge ou de sexe.
D'imprévisibles mictions impérieuses
Un traitement susceptible de corriger l'hyper-réactivité vésicale est nécessaire : rééducation périnéale, médicaments (un seul remboursé en France), parfois mal tolérés, ce qui entraîne l'arrêt de la prise. Un grand nombre de patients sont en échec thérapeutique. Interstim représente pour eux une nouvelle chance.
Le principe de ce « pacemaker vésical » est la neuromodulation des racines sacrées. De faibles impulsions électriques, délivrées au nerf contrôlant le fonctionnement vésical, permettent de réduire la fréquence et l'urgence des mictions ainsi que les fuites incontrôlées.
Une sélection rigoureuse des patients
Pour autant, n'est pas implanté qui veut, la sélection des candidats s'effectue dans la plus grande rigueur scientifique : bilan clinique, urodynamique, radiologique et endoscopique identifiant l'incontinence par impériosité, évaluation de l'adéquation du patient à la technique.
Un test diagnostique d'efficacité par stimulation externe est effectué durant une semaine. Sous anesthésie locale, une électrode est placée par voie percutanée à proximité du nerf sacré. Elle est reliée à un stimulateur externe (réglable par le patient en cas de sensations douloureuses dans la région anale). Le patient tient un calendrier mictionnel pendant le test et la semaine suivante. Le test est positif si les symptômes sont améliorés de plus de 50 %.
L'implantation définitive est alors possible, sous anesthésie générale : électrode placée à proximité du nerf sacré préalablement ciblé. Son extrémité est reliée au neuro-modulateur (taille d'un briquet) implanté sous la peau à hauteur de la fesse ou de l'abdomen. Le dispositif délivre en continu des impulsions électriques indolores, restaurant le contrôle mictionnel. Le médecin règle les paramètres de stimulation par télémétrie (console de programmation). Des réglages ultérieurs sont possibles sans hospitalisation. Le patient possède un programmateur permettant d'arrêter ou de remettre en route le neuromodulateur.
Implantation sous anesthésie générale
Interstim (coût du matériel 8 000 euros) peut fonctionner de sept à dix ans. Le changement de pile s'effectue rapide sous anesthésie locale (coût de la pile : 6 000 euros).
Le Pr E. Chartier-Kastler (Pitié-Salpêtrière, Paris) qui, depuis 1996, a implanté 52 patients, estime à 9 000 ou 10 000 par an le nombre de nouveaux candidats potentiels susceptibles de bénéficier de cette méthode réversible et efficace, « qui ne se contente pas de briser le tabou (le médecin doit susciter le dialogue sur ce sujet) mais, selon des études récentes, améliore significativement 8 patients sur 10, dont 6 sont totalement guéris ».
Les effets secondaires sont minimes comparés à l'amélioration de la qualité de vie selon l'avis même des patients traités : picotements, complications infectieuses (1 %).
Le fonctionnement d'Interstim n'interfère pas avec celui d'un éventuel pacemaker cardiaque. Il fait bien sûr « sonner » les portiques de contrôle des aéroports et magasins. Cependant, seuls les portiques d'aéroport peuvent entraîner une perturbation des paramètres de réglage.
Paris, conférence de presse organisée par Medtronic.
AAPI (Association d'Aide aux Patients Incontinents), 5, av. du Maréchal-Juin, 92100 Boulogne. Tél. 01.46.99.18.99. www.orpha.net/associations/AAPI.
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