Faut-il revoir les recommandations actuelles plaçant la rééducation périnéale en traitement de 1re intention de l’incontinence urinaire d’effort (IUE) ? C’est en tout cas ce que suggère une étude néerlandaise publiée dans le New England Journal of Medicine chez 460 femmes âgées de 50 ans en moyenne et ayant une IUE modérée à sévère. Les résultats sont sans appel. À 12 mois, la chirurgie par bandelettes urétrales s’accompagne de taux de satisfaction bien supérieurs par rapport à la rééducation périnéale. Alors que 90,8 % des femmes opérées se sont déclarées satisfaites, elles n’étaient que 64,4 % dans le groupe kiné. Il est à noter que l’échelle de satisfaction utilisée, la PGI (Patient Global Impression of Improvement), a été précédemment validée comme étant significativement corrélée à la fréquence des fuites urinaires, aux scores du test à la toux, au nombre de changes nécessaires et à différents questionnaires de qualité de vie.
Bandelettes TVT ou TVO
Le diagnostic d’IUE était posé sur la démonstration d’une fuite d’urine à l’effort ou à la toux pour un volume vésical d’au moins 300 ml, le bilan urodynamique n’étant pas requis. Étaient exclues les femmes ayant un prolapsus de stade 2 ou plus. La chirurgie proposée reposait sur la mise en place de bandelettes urétrales, transobturatrices (TVO) ou rétropubiennes (TVT) à la discrétion du chirurgien. La rééducation périnéale étalée sur une dizaine de séances hebdomadaires comportait une éducation à la fonction des muscles du plancher pelvien, à celle de la vessie et sur comment contracter correctement les muscles pelviens. Les techniques de biofeed-back et d’électrostimulation étaient autorisées en complément. Il était également demandé aux femmes de réaliser à domicile des séries de 8 à 12 contractions maximales 3 fois par jour.
La moitié du groupe kiné a été opérée
La préférence pour l’option chirurgicale s’est confimée également sur l’ensemble des critères secondaires, comme par exemple la qualité de vie et l’amélioration subjective telle que mesurée par une réponse négative à la question « Avez-vous des fuites à l’exercice physique, à la toux et au mouchage ? ». De plus, alors que les femmes insatisfaites étaient autorisées à changer de groupe en cours d’étude (« cross-over »), près de la moitié du groupe rééducation (49,0 %) s’est redirigée vers la chirurgie par rapport à seulement 11,2 % des femmes initialement randomisées dans le groupe chirurgie vers la kiné. Certes, comme le font remarquer les auteurs, les participantes à l’étude étaient sans doute plus enclines à demander une chirurgie par rapport à la population générale. Il reste que la nette supériorité de la chirurgie, à la fois subjective et objective, constatée dans l’étude devrait inciter à proposer d’emblée les deux options et à guider la femme dans son choix en lui expliquant les avantages et les inconvénients de chacune.
The New England Journal of Medicine, publié en ligne le 19 septembre 2013
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