Trois maternités anglaises ont envoyé des questionnaires à 10 985 femmes trois mois après leur accouchement afin de connaître la prévalence de l'incontinence urinaire persistante et de recruter des candidates à un programme de rééducation pelvienne. Cette double sélection de femmes incontinentes (n = 2632) et acceptant de participer à un programme de suivi de douze mois a permis de disposer d'une cohorte de 747 femmes présentant des caractéristiques comparables. Les candidates ayant refusé de participer étaient le plus souvent de jeunes mères au périnée préservé du fait d'un petit poids de naissance de l'enfant et/ou d'une césarienne.
Après randomisation, les femmes ont soit continué de vivre « comme avant », c'est-à-dire sans prise en charge spécifique, soit pratiqué quotidiennement des exercices de contraction/décontraction pelviens. Les femmes du groupe « rééducation pelvienne » étaient entraînées à pratiquer des exercices de kinésithérapie pelvienne par un auxiliaire de santé à domicile. En cas de doute sur l'étiologie de l'incontinence, la candidate était adressée à son médecin traitant mais maintenue dans l'étude.
Des contractions pelviennes une dizaine de fois par jour
Le programme de rééducation consistait à pratiquer une dizaine de fois par jour des contractions pelviennes, rapides et lentes (une centaine par jour). Une rééducation vésicale et l'éviction du café étaient préconisées en cas de besoins impérieux.
L'infirmier rendait visite à la patiente au début de l'étude (troisième mois) puis au 7e et au 9e mois. Les femmes du groupe témoin n'ont pas eu de prise en charge particulière hormis les conseils dispensés en post-partum (quelques exercices pelviens sont montrés à toutes les jeunes accouchées ainsi qu'une information sur les possibilités thérapeutiques).
L'évaluation du programme de rééducation a porté sur la persistance de toute forme d'incontinence urinaire à 12 mois (objectif primaire) et sur la fréquence de l'incontinence sévère (objectif secondaire) définie par une fuite d'urine une fois par semaine ou une incontinence anale. A noter que les 4 % de femmes ayant déclaré avoir une fuite de matière (rarement, quelquefois ou souvent) avaient été classées dans le groupe des incontinences urinaires sévères. Le caractère invalidant de l'incontinence était évalué par le nombre de protections utilisées et le niveau d'anxiété/dépression mesuré sur une échelle analogique.
L'analyse des résultats est en faveur du groupe « interventionniste » avec une fréquence globale de l'incontinence urinaire abaissée de 69 à 59,9 % (non significatif) et de l'incontinence sévère de 31,8 à 19,7 % (significatif). Les incontinences anales passaient de 10,5 à 4,4 %. Bien qu'il n'y ait pas eu de différence significative en matière de qualité de vie, le sentiment d'anxiété des femmes était moindre dans le groupe « traité ».
L'efficacité d'une telle méthode ambulatoire consistant à pratiquer des exercices pelviens contraste avec l'échec de l'étude de Sleep et Grant (1987) dans laquelle la rééducation pelvienne était entreprise systématiquement dès le post-partum à l'hôpital puis à domicile, avec un soutien téléphonique, pendant un mois ou plus, en fonction du temps de récupération des lésions nerveuses. « Il est possible, expliquent les rapporteurs de l'étude anglaise, que cet échec résulte de l'absence de sélection initiale des femmes à rééduquer car, seules, de 20 à 30 % d'entre elles allaient conserver une incontinence à un mois. » Il est vrai que le programme de rééducation pelvienne, publié cette semaine dans le « British Medical Journal » cible une population de femmes beaucoup plus réceptives, puisqu'elles continuent d'être gênées par leur incontinence et qu'elles ont plus de temps à consacrer à leur propre santé.
Cathryn Glazener et col.l, « Brit Medic Journ », vol. 323, 15 septembre 2001.
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