Incohérences

Publié le 29/08/2001

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J EAN-LOUIS GAYSSOT est satisfait de l'accord conclu avec AOM-Air Liberté, qui aura permis de sauver plus d'un millier d'emplois par des reclassements dans des entreprises publiques.

Le ministre des Transports s'est néanmoins engagé dans une voie périlleuse. Les employés de Moulinex, eux, ne peuvent pas être transformés en fonctionnaires, et au prochain conflit social, le gouvernement ne risque pas de réitérer son exploit.
En outre, M. Gayssot défend âprement la réouverture aux poids-lourds du tunnel sous le Mont-Blanc. Ce qui lui a valu une querelle publique avec le ministre de l'Environnement, Yves Cochet, qu'il a accusé de ne pas connaître le dossier. Le ministre des Transports dispose d'un argument massue : on ne peut pas orienter tous les camions qui vont en Italie vers le seul tunnel du Fréjus et les nuisances refusées par les Chamoniards iraient s'ajouter à celles qui empoisonnent la vallée de la Maurienne. Le ministre souligne qu'il met en place un plan décennal pour le ferroutage. Mais il serait plus convaincant si ce plan avait été adopté au lendemain de la catastrophe du Mont-Blanc il y a plus de deux ans.
On mesure, à cette occasion, le peu de poids de l'écologie dans les décisions politiques en dépit de l'existence d'un parti des Verts qui gouverne depuis 1997. Ce n'est pas d'ailleurs que les écologistes n'expriment pas souvent d'excellentes propositions. Malheureusement, ils le font de telle manière qu'elles sont inapplicables parce qu'elles impliquent des conséquences économiques qu'ils sont les seuls à mépriser. De sorte qu'ils décrédibilisent tout ce à quoi ils croient fermement. Ils ne sont pas les seuls à tomber dans ce travers. Le nouveau maire de Paris crée de nouveaux couloirs pour autobus, taxis et cyclistes (partage d'espace très dangereux pour ceux-ci) et ferme le voie sur berge en août, sans se soucier des effets sur la circulation. Il ne faut pas être sorcier pour savoir qu'en réduisant la largeur des voies pour les automobiles, on multiplie les embouteillages et on augmente la pollution. Si M. Delanoë veut fermer le centre de Paris aux automobilistes, il faut d'abord qu'il crée à la périphérie du centre des parkings à bon marché et qu'il améliore les transports en commun.
De même, il est incohérent de contraindre les gens qui travaillent à Paris à acheter leur logement en banlieue si on ne leur propose pas, en contrepartie des moyens commodes et rapides pour faire la navette (ou si on ne leur propose pas des logements à un prix abordable à Paris même). C'est bien la preuve que l'écologie appartient à tous les mouvements politiques, et pas seulement aux Verts, de même que la politique ne peut pas se résumer à l'écologie. Inversement, quand le candidat des Verts à la présidence, Alain Lipietz, se prononce pour l'amnistie des crimes de sang en Corse, on commence à penser que l'écologie mène à n'importe quoi, surtout si l'on en sort.
Au nom du respect de la nature, les amis de José Bové incendient les champs d'OGM expérimentaux. Ces expériences ont été voulues par le gouvernement : elles constituent le seul moyen de savoir si, oui ou non, les organismes génétiquement modifiés sont utiles et sans danger. La Coordination paysanne a rendu son verdict sans avoir instruit l'affaire et l'applique séance tenante. Le gouvernement évite de réprimer les auteurs de la mise à feu des cultures OGM. C'est une situation de non-droit exemplaire. M. Bové jouit dans son pays, où il est prophète, d'une complète impunité, dès lors que les condamnations qu'on lui inflige n'entament pas son légendaire activisme. Il se présente comme le défenseur de toutes les populations qui souffrent sur la terre. Mais il bien fallu modifier modifier génétiquement le riz pour qu'il résiste aux parasites et nourrisse le tiers-monde. De la même manière, son emportement contre la mondialisation, qui créerait des classes d'esclaves dans les pays en développement, c'est aussi une façon de nier le droit des sociétés défavorisées de se lancer dans des activités manufacturières devenues trop chères en Occident.

R. L.