A L'OCCASION DE son 9e Congrès national à Strasbourg, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) a fait le point sur l'avancée des travaux menés dans le cadre des états généraux de l'organisation de la santé (EGOS). Trois mois après la fin de la grève des internes contre la remise en cause de la liberté d'installation dans le PLFSS 2008, un débat a mis aux prises des représentants des médecins, de l'assurance-maladie et des patients. «D'ici à 2020, le nombre total de médecins devrait baisser de 15 à 20% et les généralistes être 10000 de moins, lance en préambule Lionel Michel, porte-parole de l'ISNAR-IMG. L'arrivée des nouveaux diplômés ne compensera pas le départ à la retraite des praticiens âgés de 55 à 65ans qui composent majoritairement le corps médical.» Face à cette crise démographique, la remise en cause de la liberté d'installation plane de plus en plus sur la jeune génération, même si celle-ci a fait flancher le gouvernement à l'automne dernier grâce à un mouvement de contestation d'envergure. «Ce sujet est très complexe, affirme le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. La mauvaise répartition des médecins ne concerne pas les seuls généralistes. La France va manquer d'anesthésistes, de chirurgiens et d'obstétriciens. De même, nous ne connaissons pas le nombre de praticiens qui exercent dans leur spécialité. A Paris, un grand nombre de médecins catalogués généralistes n'en ont pas réellement l'activité. Il est très difficile d'établir une cartographie à l'installation.» Le président de la Confédération craint que le gouvernement ait la tentation à l'issue des EGOS de vouloir mettre en place du côté de la médecine libérale un SROS (schéma régional d'organisation des soins) tel qu'il existe déjà pour les hôpitaux. «La coercition reviendrait alors par la fenêtre», explique-t-il.
Vers un conventionnement proportionnel ?
Le président (CFDT) de l'Union des caisses nationales d'assurance-maladie (UNCAM), Michel Régereau, qui a été l'un des premiers à appeler publiquement à la fin de la liberté d'installation, s'est adressé aux 600 internes présents, citant John Fitzgerald Kennedy : «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.Aujourd'hui, il n'y a plus un égal accès aux soins sur l'ensemble du territoire. La France est le seul pays au monde où il y a autant de spécialistes installés; il faut revaloriser la fonction de médecin traitant et construire le système autour de lui.» Par la coercition ou pas ? «Il y a urgence et la puissance publique ne pourra pas laisser indéfiniment naître des déserts médicaux, lâche Michel Régereau. Bien sûr, je défends la négociation mais nous discutons du fond. Nous devons à la société la formation que nous avons eue, nous avons à répondre aux besoins de la population.»
Le président de l'UNCAM se dit partisan du conventionnement proportionnel. Le principe ? L'argent public serait prioritairement affecté là où il y a un plus grand besoin de soins. «Si on entrait dans un tel système, il faudrait peut-être introduire le paiement au forfait dans la rémunération», précise le président de l'UNCAM. Interrogés sur les raisons qui les ont amenés à signer l'avenant 20 de la convention – qui prévoit des mesures désincitatives pour pénaliser les médecins s'installant dans les zones surdotées si les mesures incitatives échouent d'ici au début 2009 –, les représentant des syndicats signataires bottent en touche. «Mieux valait signer un mauvais avenant sur la désincitation qu'un bon avenant sur le déconventionnement», confie le Dr Eric Henry, président du SML Morbihan. Christian Saout, président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), rappelle que «l'accès aux soins est un droit constitutionnel, ce que n'est pas la liberté d'installation». «Il faut trouver un pacte social de santé qui nous réunisse, médecins et patients, mais pas sur des anathèmes boiteux comme ceux présentés dans le PLFSS 2008.» Les discussions aux états généraux ont déjà permis d'ébaucher des pistes : «Guichet unique à l'installation, meilleure régulation des médecins diplômés, interrégionalisation des épreuves classantes nationales (ECN) …Il faudra aussi s'atteler à redonner le goût de lamédecine générale à toutes les personnes qui entreprennent de devenir médecin», souligne Christian Saout.
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