Les chiffres disent l'enjeu : 10 000 victimes par an, dont 800 morts. L'incendie est la deuxième cause de mortalité par accident domestique chez les enfants de moins de 5 ans. Pour la quatrième année, une campagne nationale, avec la distribution d'un dépliant à 560 000 exemplaires via les préfectures, les DDASS, les hôpitaux et les centres de PMI, va donc tenter de faire passer plusieurs messages.
A commencer par « les six règles de base pour éviter de provoquer l'incendie » : une installation électrique saine, sans surcharge des circuits sur une même prise ; des installations de chauffage régulièrement entretenues (cheminée et conduits ramonés une fois l'an, surtout dans le cas de chauffage au fuel et au bois) ; pas de stockage inutile de combustibles ; une attention constante dans la cuisine aux appareils électroménagers qui ne doivent pas rester brancher lorsqu'ils ne sont pas utilisés ; l'abstention de tabagisme dans la chambre ; et la proscription d'alcool et d'essence pour allumer la cheminée ou le barbecue.
Quelques autres règles sont particulièrement destinées à la protection des enfants : les plus jeunes ne doivent pas être laissés seuls à la maison ; tout jeu avec des flammes nues est banni ; l'apprentissage de l'alerte, en composant le 18 sur un téléphone, doit être aussi précoce que possible ; la présence d'un chauffage d'appoint dans leur chambre est déconseillée ; les bons comportements face au feu doivent être inculqués très tôt, comme l'intérêt de ramper pour éviter de respirer les fumées toxiques.
Le détecteur-avertisseur
La campagne fait à nouveau le forcing pédagogique sur la ceinture de sécurité anti-incendie que constitue le détecteur-avertisseur de fumée individuel (DAAF). Deux enquêtes auprès des 1 000 foyers équipés en site pilote ont montré que 92 % d'entre eux s'en déclaraient satisfaits. Le DAAF est en effet perçu comme une sécurité supplémentaire. Ces dispositifs pourraient être adoptés par les organismes HLM dans le cadre de leurs nouveaux programmes de construction. La France reste à cet égard lanterne rouge parmi les pays développés, avec moins de 1 % des foyers équipés, tandis que 98 % des Norvégiens, 94 % des Canadiens ou 82 % des Britanniques sont dotés de DAAF.
A noter, en marge de la campagne, l'action du service juridique de l'Association des brûlés de France, créée en janvier 1999 : la peau lésionnée par une brûlure, à l'époque, ne revêtait pas en effet de caractère invalidant sur le plan médico-légal (en dehors des brides et cicatrices qui portent atteintes aux mouvements). C'est ainsi que l'expertise médicale aboutissait à des aberrations, comme le cas de cette personne brûlée sur 60 à 80 % de la surface corporelle et reconnue en invalidité à un taux très faible, compris entre 10 et 20 %. Les fonctions sudoripares ou de thermorégulation ainsi que les séquelles d'ordre psychologiques n'étaient pas prises en compte, les thérapies nécessaires (crèmes hydratantes, cures, vêtements compressifs) ne pouvant être prises en charge. Aujourd'hui, le préjudice des brûlés est mieux indemnisé et la dimension psychologique des séquelles davantage reconnue. L'association continue pour autant son action afin d'obtenir la modification de l'article 1 384 de l'alinéa 2 du Code civil, qui conditionne l'obtention de l'indemnisation à la preuve de la faute commise par un tiers. Une preuve bien difficile à rapporter et au sujet de laquelle les avis d'experts sont volontiers contradictoires.
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