TOUS LES patients ne répondent pas de manière identique aux médicaments ; ces différences, qui s’expriment en termes d’efficacité et d’effets secondaires, sont gouvernées pour une part par des facteurs héréditaires, explique le Pr Philippe Beaune. Nouvelle discipline biologique, la pharmacogénomique permet d’établir les mécanismes génétiques qui sous-tendent ces variations individuelles et le profil de chaque individu. Le but est de pouvoir choisir en fonction de cela les produits et les posologies adaptés à chacun.
Certains des facteurs génétiques commencent à être identifiés et des tests comme AmpliChip CYP 450 (Roche Diagnostics) sont développés pour les mettre en évidence en pratique clinique. AmpliChip CYP450 est aussi le premier test ADN homologué par l’Union européenne pour l’utilisation à l’hôpital.
Cytochrome P450.
Ce test a été mis au point pour analyser le profil génétique des individus pour deux gènes de la famille des cytochromes P450, impliqués dans le métabolisme de 25 % des médicaments. On se souvient que les enzymes cytochromes P450 sont majoritairement présentes dans le foie et, dans une moindre mesure, dans l’intestin grêle, les reins, les poumons et le cerveau.
Le gène CYP 2C19 intervient dans le métabolisme de 8 % des médicaments (IPP, antiépileptiques). On connaît deux mutations, qui peuvent permettre de catégoriser les patients en métaboliseurs rapides (deux copies normales de gène), rapidse (un allèle muté) ou lents (deux allèles mutés). Voire, chez 3 % des individus, la présence de trois gènes, qui en font des métaboliseurs ultrarapides. Ainsi, selon le profil génétique de CYP 2C19, on pourra s’attendre, aux posologies courantes, à un excès de complications chez des métaboliseurs lents ou, à l’extrême, à une efficacité très réduite chez des métaboliseurs ultrarapides.
Le second gène testé, celui codant CYP 2D6, intervient dans le métabolisme de 20 % des médicaments (bêtabloquants, antidépresseurs). Il existe environ 40 allèles et le test va permettre de trouver des profils très variés. Un exemple imagé est celui du traitement par la codéine, qui est métabolisée en morphine par le CYP 2D6. On peut craindre que les métaboliseurs lents aient peu d’efficacité antalgiques, alors que, à l’autre bout de la chaîne, les métaboliseurs ultrarapides souffrent des effets secondaires (somnolence…). En pratique, on sait déjà comment réduire les effets secondaires et optimiser les posologies des anticoagulants coumariniques du méthotrexate, du 5-fluorouracile, de l’irinotécan, du voriconazole, de l’oméprazole et de bien d’autres médicaments.
Entre l’inefficacité thérapeutique et l’excès des effets secondaires, une adaptation du traitement est rendue possible dans des grands domaines pathologiques par l’étude du polymorphisme des individus, grâce à ces types de tests.
* Responsable du pôle biologique du laboratoire de biochimie de l’Hegp.
Fig. 2 – Des faisceaux musculaires marqueurs du vieillissement.
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