AVEC 53 CAS HUMAINS, dont 39 mortels, observés en un an, l’Indonésie détenait déjà un triste record du monde. C’est maintenant, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, le premier pays où est confirmée virologiquement une transmission interhumaine du H5N1, avec un cluster de huit personnes de la même famille, dans une île au nord de Sumatra.
«Un premier cas, détecté le 25avril chez une femme en contact avec des volailles, précise le Pr Didier Houssin, est à l’origine de six autres cas humains, constatés au début du mois de mai. Un huitième cas, survenu le 14mai, constitue une nouveauté, puisque, pour la première fois, il s’agit d’une troisième génération de contamination, le patient ayant été contaminé par un autre sujet lui-même touché par transmission interhumaine. Les prélèvements ont pu être effectués chez sept des huit cas de ce cluster et leur analyse par le laboratoire de référence de Hong Kong a mis en évidence un virus aviaire H5N1 dont la structure est identique à celle du clad observé chez les oiseaux dans cette région du monde. Il n’y a donc eu ni réassortiment avec un virus humain, ni réassortiment avec un virus porcin, souligne le délégué interministériel chargé du plan Pandémie aviaire.
Aucune modification du virus sur les sites de fixation des cellules humaines et sur les récepteurs d’hémagglutinine n’est significative.»
C’est cette «absence d’humanisation virale, ajoutée au fait que les huit cas de ce cluster n’ont donné lieu à aucune contamination nouvelle depuis plusieurs semaines, qui nous a conduit à ne pas modifier le classement épidémiologique de l’OMS, précise au “Quotidien” le Dr Christophe Paquet, responsable du département international de l’InVS (Institut de veille sanitaire), de retour de la réunion d’experts qui s’est tenue la semaine dernière à Djakarta.
Un faisceau d’arguments.
Nous sommes devant une situation d’impasse épidémiologique et, même si l’on peut juger peut-être préoccupante la multiplication des clusters, rien ne permet de conclure dans ce contexte à une inflexion de l’évolution épidémique». Pour l’épidémiologiste, 26 ou 27 transmissions interhumaines au total sont soupçonnées depuis le début de l’épidémie, qui reposent toutes sur «une logique de faisceau d’arguments, plus que de preuves. Les transmissions interhumaines s’effectuent selon des scénarios divers et très gradués. Dans le cas qui défraye la chronique, il faut encore souligner l’existence d’une composante génétique propre aux personnes contaminées dans cette famille, ce qui pourrait induire l’existence d’une susceptibilité génétique» ; Cette hypothèse pourrait ouvrir la voie à de nouvelles recherches thérapeutiques et vaccinales.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature