La mise au point de cellules présentatrices d'antigènes artificielles (CPAa) pourrait bénéficier au développement des stratégies immunothérapiques se fondant sur le transfert de lymphocytes T cytotoxiques (LTC) dirigés contre un antigène spécifique. En effet, l'utilisation de ce type de stratégie était jusqu'ici limitée par des problèmes techniques ayant trait à la production des LTC à transplanter aux malades. Les CPAa semblent permettre de résoudre ce problème.
Les immunothérapies utilisant le transfert de LTC nécessitent la génération d'une quantité importante de cellules T immunospécifiques à partir des cellules mononucléaires du sang du malade. Jusqu'ici l'activation et l'expansion des cellules prélevées étaient induites ex vivo à l'aide de cellules présentatrices d'antigènes (CPA) dendritiques, également obtenues à partir du sang du patient à traiter. Or la quantité et la qualité de ces cellules sont très variables d'un malade à l'autre et peuvent être modifiées lors de certaines pathologies. Ainsi, le protocole permettant la production des cellules à transférer aux patients connaît une efficacité très variable et parfois médiocre : le nombre de cellules T spécifiques qu'il permet d'obtenir est souvent insuffisant pour qu'un effet thérapeutique puisse être observé après réinjection des LTC dans l'organismes du malade.
Remplacer, ex vivo, les cellules dendritiques
Afin de remédier à ce problème, Mathias Oelke et coll. (Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore) ont fabriqué des CPA artificielles capables de remplacer, ex vivo, les cellules dendritiques des malades lors des étapes d'activation et d'expansion des cellules T. Ces CPAa sont des billes magnétiques recouvertes d'une forme dimérique de HLA (HLA-Ig) et d'anticorps spécifique CD28. Elles ont l'avantage d'être faciles et relativement peu coûteuses à produire. De plus, elles peuvent être stockées pour une utilisation à long terme après leur production. Et surtout, elles permettent, in vitro, une production importante de LTC spécifiques utilisables en immunothérapie.
C'est ce qu'ont démontré Oelke et coll. en testant l'efficacité de leurs CPAa à induire l'activation et l'expansion de LTC dirigés contre un antigène spécifique des mélanomes (MART-1) et un antigène viral (le peptide pp65 du CMV). Cette efficacité a été comparée à celle observée lorsque des cellules dendritiques sont utilisées dans le même but et selon un protocole identique.
Un nombre de LTC doublé ou triplé
Il est apparu que les CPAa sont au moins aussi, si ce n'est plus, efficaces que les cellules dendritiques dans ce type d'expérience. Non seulement le nombre de LTC obtenus est généralement supérieur lorsque les CPAa sont utilisées (doublé ou triplé), mais, en plus, le pourcentage de cellules spécifiquement dirigées contre l'antigène choisi est, lui aussi, souvent plus important. Par ailleurs, l'expansion des cellules activées par les CPAa semble pratiquement illimitée et ne conduit à une diminution de leur spécificité antigénique comme cela a pu être observé avec les LTC activés par des cellules dendritiques.
L'ensemble de ces données suggère que les CPAa devraient se révéler d'une grande utilité pour la mise en place des immunothérapies se fondant sur le transfert de LTC.
« Nature Medicine », publication en ligne avancée (doi : 10.1038/nm869).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature