D ANS le traitement de la rhinite liée à une allergie aux acariens, une étude menée par le Pr Tonnel (Lille) a évalué l'efficacité et la tolérance de l'immunothérapie par voie sublinguale. Présentée récemment, l'intérêt de cette étude randomisée, en double aveugle, contrôlée, versus placebo, chez des patients de 7 à 45 ans souffrant de rhinite allergique liée aux acariens, repose en grande partie sur le protocole clinique utilisé.
Après une période d'observation initiale de six semaines, où chacun des 120 patients retenus utilisait une housse antiacariens et évaluait ses symptômes rhinologiques suivant un barème à quatre paliers, 32 patients ont été sélectionnés. Ils présentaient des symptômes résiduels importants malgré l'éviction des acariens. Pendant deux ans, ils ont reçu soit un placebo (17 patients), soit un extrait d'allergènes de Dermatophagoides et de Dermatophagoides farinae dans un rapport de 50/50 (15 patients). Le traitement de montée de doses (deux semaines) a été réalisé avec des gouttes, puis le traitement d'entretien (vingt-trois mois) avec des comprimés à 100 IR en dose quotidienne.
Effets secondaires minimes
Au bout de deux ans, il ressort, versus le groupe placebo, une réduction significative de la sévérité de la maladie (p < 0,02) avec des symptômes globaux de la rhinite chez les patients traités, en particulier une obstruction nasale et un prurit nasal,diminués. Il a été également constaté une réduction significative de la réactivité cutanée (p < 0,03).
L'un des points importants a été la remarquable tolérance du traitement sublingual. Le nombre d'effets secondaires est minime : un prurit buccal dans le groupe traité contre deux asthmes dans le groupe placebo. Enfin, la très bonne acceptabilité du traitement par comprimé confirme que cette forme galénique est appréciée des patients et représente un gage de bonne observance des traitements par voie sublinguale.
Les perspectives de l'immunothérapie semblent prometteuses. Lors du récent consensus ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma), réalisé par des experts mondiaux en collaboration avec l'OMS et destiné à définir des lignes de conduite dans la prise en charge de l'asthme et de la rhinite allergique, pour la première fois l'immunothérapie sous-cutanée et/ou sublinguale a été recommandée comme traitement, sur la base des résultats de métaanalyses et d'essais randomisés-contrôlés. Dans ce consensus, la prise en charge de la rhinite allergique repose sur l'éradication des allergènes, une pharmacothérapie fondée essentiellement sur les antihistaminiques, les corticoïdes en application locale, une immunothérapie spécifique... et l'éducation du patient.
Pour le Pr Anthony J. Frew (université de Southampton, Grande-Bretagne), « une association thérapeutique est nécessaire pour obtenir un contrôle adéquat des symptômes chez la plupart des patients présentant une maladie allergique. Néanmoins, l'incidence de ces thérapeutiques est minime ou nulle sur le processus pathologique sous-jacent et, à l'arrêt du traitement, une récidive s'instaure dans les jours suivants ». « L'immunothérapie est le seul traitement capable de modifier l'évolution naturelle de la maladie allergique, de prévenir son aggravation, son irréversibilité. »« Les modalités actuelles de l'immunothérapie sont efficaces vis-à-vis de la rhinite allergique et, à un moindre degré, de l'asthme », souligne-t-il, « notamment lorsque les crises sont déclenchées par l'exposition à un seul antigène, tel que les acariens ou les poils de chat ».
Les progrès réalisés, ces quinze dernières années, dans la formulation des extraits allergéniques sont importants et la confirmation de l'efficacité par la voie sublinguale font de l'immunothérapie un traitement sûr, bien toléré. Notamment dans le traitement des allergies sévères aux pollens des herbacés, aux poils de chat.
D'autre part, l'immunothérapie par voie sublinguale, moins contraignante que par voie injectable (moins de consultations médicales, pas de douleurs, notamment chez l'enfant et, surtout, une tolérance plus grande), semble utiliser des propriétés immunologiques particulières de la muqueuse de la cavité buccale. Pour le Dr Thomas Bieber (université de Bonn, Allemagne), « les cellules dendritiques buccales expriment une importante activité de stimulation des lymphocytes T caractérisée par une expression du récepteur FceRI des IgE, expression corrélée aux taux sériques d'IgE ». Des recherches en cours devraient préciser le rôle de ces cellules dendritiques buccales sur le mécanisme d'action dans l'induction d'une hyposensibilisation sublinguale.
EAACI 2001 Berlin : symposium satellite organisé par les Laboratoires Stallergènes-DHS dans le cadre du Congrès européen, avec la participation du Pr Bousquet (France), du Pr B. A. Tonnel (CHU de Lille), du Dr A. J. Frew (Southampton, Grande-Bretagne), du Dr T. Bieber (Bonn, Allemagne).
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