Le tabac tue chaque année environ 5 millions de personnes dans le monde, de plus en plus dans les pays en voie de développement. Étant donné la gravité du problème, une Convention Cadre pour la Lutte Anti-
Tabac (CCLAT) a été élaborée par l’OMS et ratifiée par 154 pays, dont la France en 2004. Concernant le conditionnement et l’étiquetage des paquets de tabac, la France a fait le choix des textes de mise en garde (« Fumer tue », « Fumer rend impuissant »…). Une dizaine de pays, dont la Belgique et le Canada, sont allés plus loin en adoptant des pictogrammes. Leur impact est sans conteste plus fort que celui des textes seuls. L’application de cette mesure pourrait intervenir prochainement en France. Pour anéantir la fonction de communication du packaging, les experts de la lutte contre le tabagisme préconisent l’adoption du
paquet générique, sans aucun signe distinctif de la marque de tabac (décor, slogan, logo, couleur), mais aucun pays ne l’a pour l’instant mis en place.
Harmoniser la fiscalité
L’augmentation des prix du tabac est un levier efficace et pertinent. « Entre 2002 et 2004, le prix du paquet de cigarettes le plus vendu a augmenté de 35 à 40 %, tandis que la consommation baissait de 33 %. Puis, les prix ont cessé d’augmenter pendant quatre ans, et la consommation s’est stabilisée… Certains ne parviennent pas à arrêter lorsque le médecin leur parle de leur santé, mais c’est le prix du paquet qui finit par les convaincre. C’est un argument très important pour les jeunes », constate le Pr Daniel Thomas. Les taxes sur le tabac sont en moyenne de 80 %, mais les spécialistes souhaitent qu’elles soient homogénéisées pour tous les produits, notamment pour le tabac à rouler et les cigares (taxation identique au gramme) et, également, entre les pays pour éviter le trafic transfrontalier.
Dans le cadre de la campagne « Jamais la première cigarette », lancée par la Fédération française de cardiologie il y a quelques années, un baromètre du tabagisme des jeunes ados est édité chaque année. Selon les derniers résultats, environ un tiers des 10-15 ans ont touché à la cigarette, la moitié d’entre eux continuant à fumer et la moitié fumant plus de dix cigarettes par jour. « La proportion des jeunes fumeurs n’évolue pas beaucoup, même si l’image du tabagisme n’est pas autant valorisée qu’avant. Plus encore que d’aider les fumeurs à arrêter, notre priorité est de dissuader les jeunes de commencer », explique le Pr Daniel Thomas.
Mobiliser les médecins
Certains médecins négligent encore le sevrage tabagique, car ils se sentent impuissants à faire changer leurs patients, ou parce qu’ils ne parviennent pas à arrêter de fumer… En France, encore 8 % des cardiologues se déclarent fumeurs, alors qu’ils ne sont que 1,3 % aux Etats-Unis ! Pour prévenir les accidents cardiovasculaires, on traite le cholestérol, la tension, mais trop peu le tabagisme, qui est pourtant le deuxième facteur de risque d’infarctus. « Face à un patient fumeur, il faudrait toujours poser la question du tabac et proposer une aide au sevrage, estime le Pr Daniel Thomas.
La Journée mondiale sans tabac devrait aussi être celle des médecins ! »
de Cardiologie de la Pitié-Salpêtrière
et membre de la FFC.
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