IL Y A QUELQUES SEMAINES, on avait ici même célébré l'excès et la vitalité d'une exceptionnelle version du « Paradoxe sur le comédien » de Diderot. Un spectacle qui avait heurté certains esprits un peu trop rationnalistes. L'année dernière, nous avions dit tout le bien que l'on pouvait penser de « Pas tous les Marocains sont des voleurs », qui, dans la formulation même de son titre, disait bien certain désenchantement de la jeunesse. On retrouve avec « Tambours battants » l'écriture si particulière de Arne Sierens - Diderot, c'était un autre groupe - artiste qui travaille souvent avec le chorégraphe Alain Platel. Ensemble, ils présentent souvent, ici et là, des spectacles déroutants et inoubliables qui sont taillés dans le vif du réel, mais qui sont également l'objet d'un très particulier traitement scénique.
L'intrigue de « Tambours battants » peut tenir en quelques lignes. Paola (Marijke Pinoy) a passé une petite annonce. Elle cherche quelqu'un pour donner des cours de musique à son fils Niek, qui a treize ans et veut s'initier à la batterie. Se présente donc Raymond (Jan Steen), un grand mec, long et maigre, un échalas indolent.
Ils se connaissent. Ils se sont connus autrefois. Il est le demi-frère de l'amant d'alors de Paola, Serge, le père de l'enfant peut-être...
Ils vont remonter le temps dans un affrontement hallucinant, une régression éprouvante, une mise à l'épreuve du corps. C'est un théâtre engagé physiquement, et très dérangeant. Ici, il n'est question que de drogue, d'alcool, de destruction, d'échec. Ici tout est lutte, désespérance...
La mise en scène de Koen De Sutter exige le maximum des deux interprètes. Marijke Pinoy est éblouissante. Jan Steen fascinant. Mais ce spectacle n'est pas adressé au plus grand nombre. Il faut accepter d'être secoué. Il faut accepter la déchéance des êtres. Un groupe de musiciens et de chanteurs accompagne la représentation. Le thème central, c'est la musique, un rêve de musique qui s'est écrabouillé un beau jour en Angleterre, des années auparavant.
« Nous sommes des forgerons de théâtre », dit Koen De Sutter en parlant du travail accompli à Anvers. C'est le Theater Zuidpool. Tous à la forge, mais gare aux éclats, aux étincelles, à la chaleur d'enfer.
Théâtre de la Bastille, grande salle, à 21 h du mardi au samedi. Durée : 1 h 30 sans entracte (01.43.57.42.14). Jusqu'au 20 mars.
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