« Le siècle des nuages », de Philippe Forest
Déjà prix Femina du premier roman pour « l’Infini », en 1997, et prix Décembre pour « Sarinagara », en 2004, Philippe Forest rend hommage, dans ce foisonnant roman, à son père, qui a été pilote de ligne. À travers lui, dont la vie fut somme toute d’une grande banalité, c’est toute l’histoire de l’aviation, avec ses héros et ses grandes heures, et par là même l’histoire du XXe siècle, avec en particulier ses guerres meurtrières, que retrace l’auteur. Sans oublier que ce père fut aussi un grand-père effondré par la mort de sa petite fille âgée de 4 ans, un drame inoubliable qui a été le sujet des premiers romans de l’auteur. Un livre à multiples entrées pour une lecture exigeante, mais gratifiante. (Gallimard, 555 p., 21,50 euros).
« Naissance d’un pont », de Maylis de Kerangal
Raconter la construction d’un pont suspendu et en faire un roman-fleuve qui entremêle le destin d’une dizaine de personnages : tel est le propos inattendu de ce livre qui se situe dans la ville de Coca (?) d’une Californie imaginaire, où convergent des hommes et des femmes de tous les horizons géographiques et sociaux mais décidés à mener à bien cette entreprise gigantesque. Mêlant leurs solitudes et leurs savoir-faire, leurs rêves et leurs ambitions, ils prennent à bras-le-corps le béton et la ferraille autant que leurs sentiments. Un roman à l’américaine construit comme un ouvrage d’art, par l’auteur du déjà remarqué « Corniche Kennedy ». (Verticales, 320 p., 18,90 euros).
« Que font les rennes après Noël ? », d’Olivia Rosenthal
Pour son précédent livre, « On n’est pas là pour disparaître », prix Wepler-Fondation La Poste en 2007, qui avait pour sujet la maladie d’Alzheimer, Olivia Rosenthal avait effectué un travail de recherche important et écouté des gens compétents. Elle a renouvelé cette démarche en allant voir un dresseur, un soigneur, un boucher, un éleveur, un chercheur et d’autres, avant de retranscrire, dans un récit polyphonique, la vie et la mort des animaux. Une réalité documentaire qui répond à une fiction, car elle suit en parallèle la vie d’une enfant depuis sa naissance et jusqu’à sa maturité, avec toutes les questions et les doutes inhérents au cheminement. Des questions et des réponses qui se croisent, du monde animal et du monde humain. Il en résulte un livre intrigant et, sous l’apparente froideur de son écriture, touchant. (Verticales, 216 p., 16,90 euros).
« Écrivains », d’Antoine Volodine
Énigmatique, Antoine Volodine, prix du Livre Inter 2000 pour « Des anges mineurs », revient avec force sur le devant de la scène. Car si « Écrivains » est inscrit dans la course aux prix, l’auteur publie en même temps, sous des noms différents, deux autres romans chez des éditeurs différents : « les Aigles puent », aux éditions Verdier, sous le nom de Lutz Bassmann, et « Onze rêves de suie », aux éditions de l’Olivier, sous le nom de Manuela Draeger.
Dans « Écrivains », il brosse en sept courts textes le portrait de sept écrivains qui se battent contre le silence et la maladie et n’ont pas de contact avec l’extérieur, sinon fantasmatique : « Ils s’adressent à des morts, à des insectes ou à un public qu’ils s’inventent. Leur geste de création apparaît vain, mais ils sont poussés par une urgence à dire, plutôt qu’à écrire d’ailleurs : la plupart de ces "écrivains" sont analphabètes. Ou quasi-analphabètes. ». (Seuil, 192 p., 17,50 euros).
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