L'Ile-de-France va bientôt être la première région à se doter d'un observatoire de la démographie médicale.
Cet observatoire régional aura l'originalité de fonctionner grâce au partenariat de plusieurs acteurs de la région Ile-de-France, à savoir : l'Union régionale des médecins libéraux (URML), le Comité de coordination des Ordres départementaux franciliens, l'Union régionale des caisses d'assurance maladie (URCAM), le Syndicat des internes des Hôpitaux de Paris (SIHP) et le Syndicat des résidents de Paris (SRP), avec le soutien des experts du Centre de sociologie et de démographie médicales (CSDM).
Pourquoi créer un observatoire propre à l'Ile-de-France ? Parce que sa démographie a « des spécificités », répondent en chœur ses fondateurs. Cette région, qui abrite un quart de la population française, compte aujourd'hui 45 000 médecins, dont 23 000 libéraux. A Paris même, 24 000 praticiens (dont 9 000 libéraux) sont inscrits à l'Ordre des médecins. « La densité médicale n'est pas si forte lorsqu'on tient compte des flux de patients, puisqu'il y a beaucoup de gens qui viennent se faire soigner à Paris », souligne le Dr Gérard Zeiger, qui préside le Comité de coordination des Ordres franciliens.
Le problèmes des « modes d'exercice particuliers »
La densité médicale, de toute façon, n'est pas la même dans la capitale, dans les départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Hauts de Seine) et dans ceux de la grande couronne (Val d'oise, Seine-et-Marne, Essonne et Yvelines) où la situation tend à se dégrader plus vite. Par ailleurs, les modes d'exercice particuliers (homéopathes, acupuncteurs, ostéopathes...) sont nombreux dans la région. A Paris surtout, l'Ordre ne recense pas moins de 58 modes d'exercice particuliers qui représentent la majeure partie de l'activité de 2 000 médecins (soit 57 % des omnipraticiens).
En revanche, selon le Dr Bernard Huynh, président de l'URML d'Ile-de-France, « on entre déjà dans la pénurie dans certaines zones en ce qui concerne les pédiatres, les anesthésistes (à Paris), les accoucheurs (surtout à la périphérie), les ophtalmologistes (dans les 19e et 20e arrondissements de la capitale), voire les généralistes et les chirurgiens à certaines heures de la journée ».
Le nouvel observatoire régional de la démographie médicale en Ile-de-France analysera des données démographiques et effectuera des projections tenant compte des tendances actuelles, comme la féminisation de la profession et la volonté des jeunes médecins de travailler moins que leurs aînés.
L'observatoire va notamment lancer deux études sur les aspirations des résidents (étudiants en troisième cycle de médecine générale). La première porte sur une cohorte de 500 résidents franciliens cinq ans après la fin de leurs études et la seconde concerne la promotion de résidents qui sortira en mai 2002. « Nous voulons faire des propositions d'évolution sous forme de scénarios à définir en fonction des besoins de santé publique et des souhaits des médecins qui vont s'installer demain », indique le Dr Huynh. « Jouer sur le numerus clausus est une fausse réponse à un vrai problème. C'est une réponse lente alors que l'amélioration des conditions d'exercice peut se faire plus rapidement », poursuit-il. Les propositions de l'observatoire pourraient, selon ses promoteurs, inspirer à terme les décideurs : le Conseil régional d'Ile-de-France, le Conseil économique et social régional, le futur Conseil régional de santé (prévu dans le projet de loi de modernisation du système de santé), mais aussi les maires des communes qui ont le pouvoir d'influer sur l'installation des médecins par le biais de la sécurité, des taxes, de la mise à disposition de locaux.
En changeant les conditions d'exercice, « on peut offrir aux médecins qui font aujourd'hui une médecine non prescriptive la possibilité de s'installer en libéral », fait remarquer Dominique Cherasse, directeur de l'URCAM d'Ile-de-France. Selon lui, l'installation n'est pas exclusivement conditionnée par le facteur économique : « Si le revenu était déterminant, il n'y aurait plus de médecins à Paris. »
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