DES ÉLECTEURS en veux-tu en voilà – ils sont 25 000 médecins libéraux, soit presque dix fois plus qu’en Auvergne ou en Bourgogne et deux fois plus qu’en Paca – exerçant tous en milieu urbain au coeur d’un maillage hospitalier incomparable : en Ile-de-France, forcément, la course aux unions est un peu particulière.
Premier signe de cette originalité : le nombre de listes. Il y en a douze – cinq dans le collège spécialiste (où la Csmf, la FMF, le SML, l’Uccmsf et Alliance s’affrontent) et pas moins de sept dans le collège généraliste (Csmf, Fmf, MG-France, SML, Uccmsf, Espace Généraliste, Alliance). Ailleurs, seule Paca fait aussi bien.
Dans la région capitale, on a admis toutes les listes. Cela a donné lieu à quelques remous, les « gros » souhaitant parfois se passer des « petits », ou seulement « de certains de ces petits » au gré des alliances nouées par les uns et les autres. In fine, le choix a été fait de donner à chacun sa chance «en termes de représentativité», comme le souligne le Dr Régis Mouriès, numéro 2 de la liste généraliste du SML.
Vieux de la vieille.
Quitte à brouiller les cartes. «Cela va perturber un peu l’ensemble de nos confrères», reconnaît le Dr Michel Roueff, tête de liste des généralistes FMF, qui se veut toutefois confiant : « Chacun arrivera bien à s’y retrouver.» Dans le camp des « petits », précisément, le Dr Catherine Dormard, qui conduit la liste francilienne du tout jeune Espace Généraliste, positive : «Le fait d’avoir une palette de syndicats avec des sensibilités et des approches différentes est une bonne chose. Car, sur le terrain, il y a énormément de gens qui attendent que quelque chose bouge.» A l’inverse, le Dr Bernard Huynh, actuel président de l’Urml et tête de liste Csmf-Umespe, analyse ainsi la situation : «Ce sera évidemment une vraie compétition... entre les grandes listes. Même si les petites, qui n’ont pas les mêmes capacités de mobilisation, vont éparpiller les voix.»
La « compétition » est donc ouverte. Elle se déroule, pour l’instant, dans un climat plutôt serein. «Noussommes en démocratie, avec des gens intelligents», explique le Dr Jacques Samson, qui conduit la liste spécialistes de la FMF. Il faut dire que nombre de candidats aux 80 sièges de l’union francilienne... sont des vieux de la vieille et, tout adversaires syndicaux qu’ils soient, se côtoient et travaillent ensemble pour certains depuis maintenant douze ans au sein des diverses commissions de l’Urml.
A priori, et contrairement à ce qui peut se passer dans d’autres régions, les noms d’oiseaux n’auront donc pas cours en Ile-de-France. Cela ne veut pas dire que la campagne s’annonce atone.
Autour des préoccupations locales (les charges plus élevées que jamais, la violence, la place à trouver par rapport à l’offre de soins hospitalière...), mais aussi suivant les sujets d’inquiétude nationaux, les candidats sont dans les starting-blocks. «L’Ile-de-France est une petite France, une région passionnante parce qu’elle est d’une grande diversité d’exercices et de types d’activité. C’est une mosaïque, une constellation de problèmes à résoudre», souligne la tête de liste de MG-France, le Dr François Wilthien.
Ici comme ailleurs, la convention cristallise une bonne partie du débat. Que l’on soit pour ou contre. «Ce sera l’élément prépondérant, on ne pourra pas éviter le positionnement de chacun sur la question», affirme le Dr Roueff (FMF-G). Leader en Ile-de-France des spécialistes de l’Uccmsf, le chirurgien Jean-Gabriel Brun va militer pour «une convention tripartite des plateaux techniques, alliant les gestionnaires, les médecins, les payeurs –et éventuellement l’Etat». Pour Espace Généraliste, Catherine Dormard n’y va pas par quatre chemins : «Tout le système est pris en otage de cette convention mais, avant tout, il faut que les médecins généralistes s’en sortent, il faut remettre en route la médecine générale.» Jusqu’au Dr Huynh, qui met un peu d’eau dans le vin « conventionniste » de sa confédération : «Nous avons une vision assez proche de celle des médecins de terrain, soumis à une maîtrise administrative dangereuse.»
Quant au bilan de l’union, il paraît, paradoxalement, presque hors sujet. «Même si on peut mieux faire, on ne va pas démonter le travail qui a été fait», admet le Dr Dormard.
Voir aussi sur www.quotimed.com,
notre dossier sur les élections 2006 ( rubrique Dossiers web)
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