E N 1961, un mur séparait l'Allemagne de l'Est de l'Allemagne de l'Ouest, le monde découvrait la musique des Beatles et les femmes la liberté de choix à la procréation. Outre-Atlantique, les Américaines avaient déjà à leur disposition, depuis un an, la pilule Enovid, produite par la société Searle. L'un des événements sociaux les plus marquants du XXe siècle est aujourd'hui devenu un tel acquis que l'on oublie les débuts agités de la pilule, réservée initialement au traitement des dysménorrhées puis aux femmes mariées. On oublie également le travail des chercheurs qui, depuis quarante ans, ont progressivement amélioré la tolérance clinique et métabolique de la pilule :
- en diminuant les doses d'éthinyl estradiol (EE) ;
- en mettant au point de nouvelles familles de progestérone dont les qualités pharmacocinétiques permettent à la fois d'en diminuer les doses en combinaison avec l'EE et de les utiliser seules comme contraceptif ;
- en trouvant des solutions à certaines situations particulières par le jeu des pilules bi-, tri- et quadriphasiques.
Enfin, sont arrivées sur le marché des pilules dont le bénéfice contraceptif est associé à des effets favorables non contraceptifs sur certaines pathologies (acné, hyperséborrhée, syndrome des ovaires polykystiques) par blocage des récepteurs aux androgènes.
L'anniversaire de la naissance d'Anovlar a été, pour les 1 500 gynécologues européens présents à cette occasion, le moment de faire le point sur les différentes pilules dont on dispose aujourd'hui et d'envisager la contraception idéale de demain. Pour le Laboratoire Schering, les nouveautés attendues dans ce domaine sont au nombre de trois.
La première, déjà commercialisée en Allemagne, est constituée d'une combinaison de 30 ug d'EE et de 3 mg de drospiredone. La drospiredone, composé entièrement nouveau, a la propriété de s'opposer à la rétention d'eau provoquée par les estrogènes, de par son caractère très proche de la progestérone naturelle. Cette pilule est donc particulièrement indiquée pour les femmes qui présentent des symptômes prémenstruels tels que tension mammaire, oedème et prise de poids. C'est aussi une alternative pour les femmes qui prennent du poids sous pilule ; mais « attention, a mis en garde le Pr Teichmann d'Aschaffenburg, il ne s'agit pas d'un diurétique ; cette pilule a la prétention de prévenir la prise de poids mais pas de faire perdre du poids ». La future pilule Jasmine a reçu l'approbation de tous les pays de l'Union européenne ainsi que de la FDA aux Etats-Unis. Elle devrait apparaître sur le marché français en 2002.
Un patch d'estroprogestatif est un cours de développement (25 ug d'EE + 75 ug de lévonorgestrel). Avec une application hebdomadaire pendant trois semaines, ce patch est un moyen d'augmenter l'observance tout en diminuant les effets secondaires de la contraception hormonale.
Enfin, Schering s'intéresse à la contraception estroprogestative de la femme de plus de 35 ans, qui permettrait d'assurer la transition avec le THS. Une pilule contenant du 17 ß-estradiol, estrogène naturel, et un gestodène est en cours de développement, l'objectif étant d'obtenir une efficacité contraceptive comparable à 20 ug d'EE.
Contraception masculine hormonale
La question de la contraception masculine hormonale est une nouvelle fois revenue sur le devant de la scène. En matière de contraception masculine, le Dr Cristina Beriggiola de Bologne a fait part des bons résultats de la combinaison androgène + progestérone. « Cette association permet d'obtenir l'azoospermie nécessaire à l'efficacité de la méthode sans avoir les inconvénients de la carence en testostérone. On est, pour la première fois, arrivé à nos fins en matière de pilule pour homme et des essais cliniques sont prêts à commencer. Néanmoins, la contraception masculine idéale ne cherchera pas à agir sur la production de spermatozoïdes mais sur leur maturation, grâce à la biologie moléculaire. »
A noter que Schering a également à son actif le développement du premier stérilet (DIU) à libération lente de progestérone (Mirena, mise sur le marché français en 1995), qui procure une contraception à la fois mécanique et hormonale efficace pendant cinq ans, et l'estroprogestatif le moins dosé en EE (15 µg), dont l'administration se fait sur un cycle prolongé à 24 jours pour obtenir un blocage ovarien efficace.
L'amélioration des connaissances de la physiologie de la reproduction, tant féminine que masculine, ouvre de nombreuses autres voies de blocage de la fécondation et les recherches dans ce domaine sont loin d'être achevées.
Berlin. Symposium Schering. D'après les communications des Prs Günter Stock, Sven Skouby, Tobias Teichmann et du Dr Cristina Beriggiola.
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