A u moins vingt-trois études comprenant près de 11 000 cas ont établi une variation saisonnière de l'embolie pulmonaire fatale. Rien de tel n'a été montré pour la thrombose veineuse profonde, pas même la plus grande série hospitalière (n = 7 303 patients). Mais, étant donné les liens entre la phlébite et l'embolie pulmonaire, il était logique de se reposer la question. D'où le travail rétrospectif conduit par des Niçois.
Ce nouveau travail a consisté à revoir tous les cas de thrombose veineuse profonde ou d'embolie pulmonaire compilés entre 1995 et 1998 dans un registre national qui concerne toutes les sorties des hôpitaux publics et privés en court séjour ou en aigu.
Les auteurs ont utilisé les 9e et 10e révisions de la classification internationale de ces maladies.
Etaient incluses les donnés de sortie si elles comportaient des tests de confirmation des diagnostics (veinographie, écho-Doppler, imagerie de ventilation/perfusion, scanner hélicoïdal, angiographie) ou des traitements spécifiques (fibrinolyse, chirurgie).
Au total, l'étude a porté sur 65 081 admissions pour thrombose veineuse profonde et 62 237 pour embolie pulmonaire.
Plus en hiver, moins en été
Il apparaît clairement que le nombre mensuel d'admissions est plus élevé en hiver et plus bas en été, à la fois pour la thrombose veineuse et l'embolie (p < 0,0001). Par exemple : pour la thrombose veineuse profonde, le nombre mensuel d'admissions est de 18 % en dessous de la moyenne en août 1996 et de 18 % au-dessus en février 1996 et en décembre 1997 ; pour l'embolie pulmonaire, ce nombre mensuel d'hospitalisations est de 22 % en dessous de la moyenne en août 1998 et de 26 % au-dessus en décembre 1997.
La même prédominance hivernale est constatée pour les cas de thrombose veineuse profonde sans tests de confirmation ; pour les cas de thrombose veineuse profonde sans embolie pulmonaire ; et pour les cas de thrombose veineuse profonde avec embolie pulmonaire.
« Il existe une claire variation saisonnière dans les admissions hospitalières pour thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire », font observer les auteurs. Ils reconnaissent que, étant donné le caractère rétrospectif de l'étude, on est en droit de se poser des questions sur la fiabilité du diagnostic. Mais ils estiment que le biais doit être minime étant donné qu'ils n'ont inclus que les cas documentés.
Les fluctuations saisonnières de la coagulation
Jusqu'à présent, pour expliquer la prédominance hivernale des embolies pulmonaires, on évoquait des comorbidités associées, estimant qu'elles pouvaient diminuer la tolérance face à de petites embolies. « Nos résultats (...) suggèrent que des facteurs thrombogéniques pourraient inclure une composante saisonnière. La vasoconstriction induite par le froid et la réduction d'activité physique produisent une diminution bien documentée du flux sanguin dans les membres inférieurs. En dehors de l'hypercoagulabilité, qui pourrait être induite par des infections respiratoires hivernales, on sait peu de choses sur les fluctuations saisonnières de la coagulation. »
Fabrice Boulay, Frédéric Berthier, Grégory Schoukroun, Charles Raybaut, Yves Gendreike et Bruno Blaive (Nice). « BMJ » du 15 septembre 2001, pp. 601-602.
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