Vos malades ont lu
« Madame Figaro », 10 mai
Les romantiques du XIXe siècle et les cyniques du XXe nous avaient convaincus que le malheur était beaucoup plus riche et créateur qu'une félicité béate, bonne pour les niais. Notre XXIe siècle semble redécouvrir ce qu'un Aristote, un Teilhard de Chardin ou un Diderot enseignaient en leur temps : « Il n'y a qu'un devoir, c'est d'être heureux. »
« Madame Figaro » analyse ce nouveau credo qui envahit notre quotidien. Sa version anglaise est devenue un argument de vente efficace. Au déjà ancien « happy meal » de McDo sont venus s'ajouter les « happy phone », les prêts immobiliers « happy end », les « happy spoon », les « happy wash » et autre parfum « happy » de Clinique.
En cosmétologie, grâce à son nouveau concept Happylogy, Guerlain affirme donner à la peau la sensation du bonheur grâce à l'apport d'endomorphine. Dans l'édition, le créneau est follement porteur avec ce que les Américains surnomment « Chicken Soup for Soul », du nom d'une collection très populaire. En clair, « Soupe au poulet pour l'âme » ou « recettes toutes prêtes pour voir la vie du bon côté ».
En France, on préfère parler de développement personnel ou de recherche de l'équilibre intérieur. Psychiatres, éthologues, thérapeutes, philosophes, voire ministres en donnent une version peut-être moins light mais tout aussi exemplaire de l'air du temps. Le bonheur est désormais à portée de chez soi, dans le mieux-être intérieur et familial. Réussir sa vie plutôt que réussir dans la vie. Plus question de tout miser sur le boulot ou d'attendre la retraite pour profiter de l'existence ! Le psychiatre Christophe André, qui a publié « Vivre heureux, psychologie du bonheur », explique cet engouement : « On voit très bien se dessiner dans la société une aspiration à davantage de bien-être. La médecine a entrepris de libérer l'homme de sa souffrance, d'abord physique, puis psychique. Et on considère qu'il n'est plus normal aujourd'hui de souffrir d'un cancer ou d'une dépression. » Les gens rééquilibrent leurs priorités et deviennent plus exigeants. Gare, toutefois, à la tyrannie du bonheur.
Un corps de rêve sans efforts, ça n'existe pas
« 60 millions de consommateurs »
L'été approche, beaucoup redoutent déjà l'épreuve du maillot de bain à essayer. Gare aux kilos superflus. La course au remède miracle est lancée. Attention, prévient « 60 millions de consommateurs », qui a testé les électrostimulateurs qui musclent même dans un fauteuil et les gélules mange-graisse qui permettent de fondre en un clin d'il. « Les résultats de nos essais sont sans appel : même si ces produits s'appuient sur des données scientifiques, ils ne sont pas efficaces pour un usage grand public. » Les miracles n'existent pas.
Même si l'électrostimulation a prouvé son efficacité pour le sport de haut niveau ou la rééducation, elle nécessite rigueur et endurance à la douleur, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. Certains appareils peuvent être dangereux, s'ils ne sont pas munis d'un système de sécurité à l'allumage. Un démarrage à pleine puissance expose au risque de douleur, voire de détérioration des fibres musculaires.
Quant aux brûle-graisse qui captent, brûlent ou évacuent le surplus de gras, « ils sont inutiles. Au pire, ils provoquent des effets indésirables ». Certains utilisent des produits innovants comme le Citrus aurantium, les CLA (acides linoléiques conjugués), ou le Chitosan (issu de la carapace des crustacés). Le premier est un extrait d'orange amère qui contient de la synéphrine et peut provoquer des réactions positives lors de contrôles antidopage chez les sportifs. Le second est un acide gras fréquent chez les ruminants et serait doté de vertus anticancérogènes et agirait sur le métabolisme des acides gras. Les études chez l'homme sont encore balbutiantes et ne permettent pas d'affirmer leurs effets réels. Le troisième a fait l'objet d'un avis défavorable de l'AFSSA en juillet 2001.
Nous possédons un cerveau musical
« La Recherche », mai
Isabelle Peretz est docteur en sciences psychologiques à l'université libre de Bruxelles et est titulaire de la chaire de psychologie de l'université de Montréal. Elle accorde ce mois-ci un entretien au mensuel « La Recherche » où elle explique ses travaux tout à fait originaux sur la perception musicale. « J'ai voulu prendre le contre-pied de la position habituelle qui consistait à utiliser la musique comme élément de comparaison lorsqu'on étudie le langage : la musique mérite d'être étudiée pour elle-même. » Elle représente un domaine important de l'expérience humaine et de nouvelles études qui bénéficient de l'apport de l'imagerie cérébrale tendent à prouver qu'elle constitue une fonction cognitive à part entière, distincte du langage et de tout autre fonction. La compétence musicale demande un traitement particulier, comme le montre l'observation des troubles hautement sélectifs après un accident cérébral.
Par exemple, « j'ai observé qu'une lésion cérébrale pouvait entraver la reconnaissance d'airs connus, comme l'air de Frère Jacques chanté sur "la-la-la", mais préserver la reconnaissance des paroles de la même chanson. » Amusie sans aphasie qui suggère qu'il « s'agit bien d'une atteinte du cerveau musical ». Isabelle Peretz va plus loin. Selon son hypothèse, l'amusie aurait un caractère héréditaire. Il existe des amusiques non accidentels, un peu comme les troubles spécifiques du langage. On sait aujourd'hui que le cas Che Guevarra, le plus célèbre mentionné dans la littérature, n'est pas isolé. « Il ne pouvait ni reconnaître l'hymne de son pays ni distinguer un tango d'une salsa ». Des travaux récents ont montré que l'habileté à détecter une « fausse note » dans une mélodie est également déterminée génétiquement. Plus surprenant, « nous pensons que l'émotion musicale emprunte des voies séparées de son évaluation cognitive ». Ainsi, une femme atteinte d'amusie accidentelle peut dire, en écoutant l' Adagio d'Albinoni qu'elle n'est plus capable de reconnaître : « Comme cette musique est triste. Elle me fait penser à l'Adagio d'Albinoni. »
Le thé, un champion des aliments santé
« Thé magazine », n° 9
Il s'en consomme environ 15 000 tasses à la seconde et des centaines de millions de personnes à travers le monde l'apprécient. Les recherches récentes affinent et confirment ce que les Chinois et les Japonais ont pressenti et observé il y a bien longtemps : le thé a des effets bénéfiques sur la santé. Le classique du thé (« Cha Jing »), ou premier ouvrage complet sur l'art du thé, a été écrit au VIIIe siècle par le sage Lu Yu (733-804). « Le cinquième bol purifie tous les atomes de mon être, le sixième me fait de la race des immortels. Le septième est le dernier... je ne puis en boire davantage, une brise légère sort de mes aisselles », écrit-il. Aujourd'hui, affirme « Thé magazine », de nombreuses études tendent à montrer que, parmi toutes ces vertus, le thé aurait un effet préventif sur l'apparition des calculs rénaux : 240 ml de thé par jouer diminuerait le risque de formation des calculs de 14 % chez l'homme et de 8 % chez la femme.
Les autres bénéfices du thé proviendrait des polyphénols, composés biologiquement actifs aux puissantes propriétés antioxydantes. Le Dr Marvin Edeas, auteur d'un ouvrage sur les « Secrets de santé du thé » (Editions Alpen) le confirme : « La consommation régulière de thé pourrait ainsi offrir une protection contre plusieurs types de cancers et réduire les risques de maladies cardio-vasculaires ».
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