Avec une prévalence dans l'enfance variant de 15 à 30% selon les estimations, la dermatite atopique est une maladie fréquente en pédiatrie. « Dans la moitié des cas, elle commence dans les 6 premiers mois de la vie », souligne le Pr Philippe Humbert, chef du service de dermatologie au CHU de Besançon. Ce qui pose la question du traitement des jeunes nourrissons. Aujourd’hui tout le monde s’accorde sur la nécessité de traiter tôt. « Face à des plaques d'eczéma, le premier traitement à mettre en place quel que soit l'âge du patient, ce sont les dermocorticoïdes », rappelle le Pr Humbert.
Les dernières recommandations françaises* rappellent que les dermocorticoïdes d’activité très forte (classe IV) sont contre-indiqués chez le nourrisson et le jeune enfant sur le visage, les plis,et le siège. Elles préconisent de réserver les dermocorticoïdes d’activité forte (classe III) « aux formes très inflammatoires en cures courtes », et recommandent d'utiliser les dermocorticoïdes modérés (classe II) sur le visage, les plis et les zones génitales, et chez le nourrisson . Mais, comme l'indique le Pr Humbert, « la classification des dermocorticoïdes n'est pas liée à leur puissance anti-inflammatoire mais à leur puissance vasoconstrictrice. On peut donc être circonspect et se demander si le choix d'une classe II ou III sur le visage ou sur le corps correspond bien à la réalité en terme de visée anti-inflammatoire. »
L’important est surtout de traiter « jusqu'à disparition de la plaque d'eczéma, insiste le Pr Humbert. Or 85% des patients n’appliquent pas correctement les dermocortcoïdes, que ce soit par corticophobie, ou parce qu'ils ont en tête la notion de diminuer la fréquence d'application au bout de 5 jours ». La réticence est d’autant plus grande que l’enfant est jeune alors « que la corticothérapie sur une peau eczémateuse peut commencer à tout âge. Le bon suivi des recommandations médicales fera que ce traitement est le plus souvent sans danger. »
Une fois les plaques disparues, on peut poursuivre les dermocorticoïdes, en espaçant leur application à une ou deux fois par semaine, pour freiner l'apparition de rechutes. Parallèlement, l'utilisation d'émollients permet de corriger la fonction barrière de la peau. « Ils ne doivent être appliqués que sur une peau saine ou sèche, sinon, ils peuvent aggraver l'eczéma » souligne le Pr Humbert.
Des antihistaminiques per os peuvent avoir un effet sédatif et diminuer le prurit. « Le cromoglycate de sodium semble freiner la sensibilisation d'origine digestive, ce qui présente un intérêt en cas de lien avec une allergie alimentaire » indique le Pr Humbert. « En revanche, le tacrolimus doit être réservé à l'adulte. »
S’intéresser au nourrisson dans sa globalité
« En parallèle de la corticothérapie locale, il faut s'attacher à découvrir les facteurs favorisant de la DA, telles que les allergies alimentaires, les sensibilisations à un pneumallergène, une déficience de la fonction barrière... » insiste le Pr Humbert d’autant que "les parents peuvent se sentir découragés si l'on ne s'intéresse pas ou peu à trouver des causes. « En plus des critères diagnostiques classiques de la DA (eczéma survenant précocement, et affectant principalement les plis de la peau), il faut donc s’intéresser au nourrisson dans sa globalité (poids, taille, signes digestifs voire pulmonaires) »
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