Le généraliste. Observez-vous en pratique des profils psychologiques communs aux personnes
obèses ou en surpoids ?
Dr Jacques Fricker. Non, il ne faut pas tomber dans les stéréotypes. Ces personnes ne sont pas, par exemple, plus fainéantes que d’autres, ne manquent pas plus de volonté comme certaines idées reçues le laissent croire. En revanche, il est vrai que des causes d’ordre psychique peuvent favoriser la survenue de l’obésité. Une mère obsédée par la maigreur dans l’enfance ou au contraire des parents
qui ont trop poussé l’enfant à manger, se servant de la nourriture comme réconfort ou récompense. Ou encore un stress quotidien répété à l’âge adulte, une dépression, la prise de neuroleptiques…
La prise en charge de l’obésité passe donc par une approche psychologique ?
Dr J.F. Certainement, oui ! Mais cette approche doit se faire en douceur par des questions simples posées sur la façon de se nourrir dans l’enfance ou sur le rythme de vie, l’état de santé général du patient afin de détecter certains facteurs psychiques favorisants et de les intégrer dans les prise en charge. Il y a un aspect humain très intéressant dans ce suivi mais cela nécessite de prendre du temps. Les patients ne disent pas tout au cours de la première consultation.
Faut-il corriger en plus les comportements alimentaires chez ces patients ?
Dr J.F. Il ne faut pas être rigide avec ces personnes. Elles ne sont pas toutes prêtes aux mêmes évolutions, aux mêmes privations. La prise en charge doit être extrêmement personnalisée. Cependant, il est vrai qu’elles mangent souvent plus vite tout au long du repas et mangent davantage. Parfois elles n’ont pas l’impression de prendre plus que les autres car elles finissent leur repas en même temps. D’autres mangent moins aux repas mais des aliments plus denses ou piochent sans arrêt au cours de la journée sans même s’en
rendre compte. On observe également des prises alimentaires compulsives et irrépressibles qui succèdent parfois des phases de restriction.
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