Le temps de la médecine : Masculin-féminin
Le rapport de masculinité des naissances peut mieux être compris quand on sait qu'il meurt un nombre plus important de garçons avant l'âge de 1 an. Ce fait corrige quelque peu, mais incomplètement, le déséquilibre dans les pays industriels où les soins de santé sont de bonne qualité et l'alimentation suffisante.
Les bébés garçons présentent une plus grande vulnérabilité que les filles, remarque le Pr Jean-Pierre Relier (service de néo-natalogie de Port-Royal, Paris). « Il y a davantage de garçons nouveau-nés malades que de filles dans les services de néonatalogie, même si la prématurité touche autant les garçons que les filles », indique-t-il. Non seulement les garçons sont plus souvent malades, mais, à affection identique, ils sont plus sérieusement atteints.
Pourquoi ce rapport des naissances penche-t-il du côté des garçons ? Plusieurs hypothèses biologiques et sociales, qui se complètent, ont été proposées. Les études biologiques montrent que, dès la vie ftale, il existe une disparité d'un sexe à l'autre : les ftus mâles ont un risque plus important de morbidité et de mortalité in utero. « A la naissance, une fille est physiologiquement l'égale d'un garçon de 4 à 6 semaines », estime un auteur britannique, Sebastien Kraemer.
L'hypothèse sociale veut que les hommes soient plus souvent victimes de troubles du développement, du comportement, en raison d'une mise en compétitivité plus importante et d'une prise de risque plus grande. De fait, les troubles psychologiques graves touchent davantage les hommes. Les psychopathes sont trois fois plus souvent des hommes (3 % versus 1 %), la schizophrénie touche davantage d'hommes, les suicides dépressifs sont deux ou trois fois plus souvent réussis chez les hommes, l'alcoolisme et ses complications sont présents chez 4 hommes pour 1 femme et les toxicomanes sont deux fois plus souvent des hommes. Les femmes sont, à l'inverse, plus fréquemment représentées dans des atteintes moins graves (névroses phobiques, troubles anxieux). Arrivés à l'âge adulte, les hommes qui présentent un problème de santé ont moins rapidement et moins souvent recours à un médecin (enquête INSEE).
Les hommes demeurent plus nombreux que les femmes jusqu'à l'âge de 30 ans. Pendant cette durée, ce rapport se maintient, en s'estompant toutefois. Ensuite, les proportions restent équilibrées jusqu'à 55 ans. Au-delà, les femmes deviennent peu à peu largement majoritaires. Elles représentent dans nos régions en moyenne 54 % des 60-74 ans et les deux tiers des plus de 75 ans.
Inégalités numériques
La France métropolitaine compte aujourd'hui 30,653 millions de femmes pour seulement 28,972 millions d'hommes. Il naît plus de garçons que de filles (388 661 garçons et 370 521 filles en 2002), mais les proportions respectives évoluent avec l'âge. Si l'on compare le nombre d'hommes et de femmes vivant au 1er janvier 2003 selon l'année de naissance, les hommes restent plus nombreux que les femmes jusqu'à la génération de 1970 (424 626, contre 424 131), puis les femmes l'emportent. Les femmes nées en 1960 sont 11 776 de plus que les hommes du même âge, et la différence va croissant.
En termes d'espérance de vie, cela se traduit par 7,3 années supplémentaires pour les filles nées l'an dernier (82,9, contre 75,6) et encore 5,1 années de plus pour les femmes âgées de 60 ans (25,7, contre 20,6).
Chiffres INSEE.
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