Décision Santé-le Pharmacien hôpital. Comment le programme Phare concerne-t-il les pharmaciens hospitaliers ?
Hervé de Trogoff. Un des volets du programme, le projet Armen, concerne spécifiquement l’achat de médicaments. Nous fournissons des recommandations d’achats pratiques opérationnels : rien n’est imposé. La méthode repose sur le retour d’expériences menées sur le terrain avec l’objectif de quantifier les résultats obtenus. Dans un second temps, la réflexion porte sur ce qui peut être généralisé. Le groupe était composé d’une dizaine de pharmaciens. L’enjeu était de détecter les bonnes pratiques là où elles avaient été élaborées. Et surtout d’aller au-delà du simple principe de mutualisation. Des économies doivent être recherchées dans le dialogue avec le prescripteur, les modes de consommation, la substitution, le suivi des marchés. Un objectif de 15 % de gain d’achat sur tout le périmètre avait été assigné.
À l’issue du travail, les différentes opportunités ont fait l’objet d’un classement selon l’impact économique et la possibilité de la mettre en œuvre selon un horizon de 2 à 3 ans. Il vaut mieux opter pour une idée simple à réaliser au lieu d’un concept séduisant plus difficile à généraliser qui oblige à mener plusieurs conduites de changement. Après une restitution nationale, des restitutions régionales sont programmées.
D. S-P. H. Comment distinguer entre le niveau de recommandation ?
H. D.T. Nous avons établi trois niveaux. Le premier est celui de la mutualisation : on peut en effet encore recenser des régions où des hôpitaux isolés achètent seuls les médicaments. Sur 2 500 établissements hospitaliers, 1 100 sont dans le périmètre de la mutualisation. La montée en puissance au niveau régional est un axe prioritaire du programme Phare. Une distinction doit être opérée entre les médicaments en monopole et ceux en situation de concurrence. Lors d’une première négociation pour les produits en concurrence, le gain peut être de 20 % à 25 %. En cas de renouvellement, il tombe à 10 %. Quelle est la marge de manœuvre pour les produits en situation de monopole ? Une des propositions est de proposer des lots mono-fournisseurs.
D. S-P. H. Qui doit acheter les médicaments : le pharmacien ou un acheteur professionnel ?
H. D.T. Un document, élaboré avec l’appui d’Unicancer achats, définit justement le rôle respectif du médecin, du pharmacien et de l’acheteur. Nous avons noté des appréhensions quant aux rôles de chacun. Le pharmacien est garant du choix de la molécule, de la discussion avec le personnel soignant. Il faut toutefois un second regard à dimension économique : étude de marché, allotissements, prix cibles, négociations. Autant de compétences qui définissent un métier. Le pharmacien dispose de la légitimité.. Quant à l’acheteur, il relève de la fonction support. Et n’est pas là pour décider mais aide à la décision.
D. S-P. H. Quelle est la bonne dimension pour un groupement d’achat ?
H. D.T. En matière de médicaments, les groupements efficaces incluent 30 à 50 établissements. La nouveauté du programme Phare est de promouvoir une fonction achat en interne afin d’actionner les autres leviers. C’est l’ensemble des discussions autour de la définition du juste besoin, à savoir : éviter la surqualité, substituer lorsque cela est possible et suivre l’exécution des marchés. D’où la nécessité à l’hôpital d’un duo : le pharmacien d’un côté, l’acheteur de l’autre, au service du pharmacien. La demande est ensuite agrégée à un groupement d’achat. La mutualisation est la partie émergée de l’iceberg en matière d’économie. La massification représente 30 % des objectifs. Les 70 % restants reposent sur l’optimisation des produits, le dialogue avec les prescripteurs. C’est le cahier des charges de la fonction achat en interne qui joue le rôle de poil à gratter. Si l’on prend l’exemple du scanner, certaines options se révèlent inutiles à l’usage. Elles représentent pourtant un coût de 50 000 euros. Sur les dispositifs médicaux, les régulateurs de débit sont faussement sécuritaires. L’AP-HP les a supprimés de ses bons de commande. Le produit adapté au besoin n’est pas forcément le plus cher. In fine, les économies générées permettent de financer l’innovation.
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