Vaccination contre l'hépatite B
L'HEPATITE B constitue aujourd'hui un problème de santé publique mondial. En effet, 350 millions de personnes sont porteuses chroniques du virus. La France est un pays à faible endémie, avec une prévalence des porteurs chroniques estimée entre 0,2 et 0,5 %. Cependant, dans certaines sous-populations comme celle des migrants, elle reste très forte. L'incidence est difficile à évaluer, car les systèmes actuels de surveillance ne prennent en compte que les nouveaux cas d'hépatite aiguë, ce qui méconnaît probablement deux cas sur trois. En outre, du fait de l'hypothèse d'un lien entre la vaccination et l'apparition d'effets secondaires graves, notamment des atteintes démyélinisantes, la couverture vaccinale a chuté depuis quelques années. Le problème majeur concerne les nourrissons, qui sont actuellement très mal vaccinés en France : il n'a jamais été possible de dépasser 30 % de vaccinations dans cette tranche d'âge, alors qu'il faudrait atteindre 80 à 90 % pour obtenir une couverture vaccinale acceptable.
Un consensus international.
Après avoir analysé l'épidémiologie de l'hépatite B en France, pris en compte l'efficacité du vaccin et ses effets secondaires potentiels - les experts ayant éliminé l'existence d'une relation entre les complications neurologiques graves apparues et la vaccination -, il a été envisagé de reprendre la vaccination à grande échelle. Cela ne remet pas en cause la vaccination des groupes à risque (voir encadré). En tout cas, il convient d'éviter les défauts de protection face aux conséquences de l'infection par le virus de l'hépatite B, sachant que le vaccin est efficace : diminution du portage chronique, avec, pour conséquence, une diminution du réservoir du virus et, donc, une diminution de transmission de la maladie. C'est ce qui a motivé l'organisation d'une réunion internationale de consensus à la demande du Pr Jean-François Mattei, ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées. Celle-ci a eu lieu les 10 et 11 septembre 2003 à Paris, sous l'égide de l'Anaes et de l'Inserm. Au terme de cette réunion, les experts internationaux ont recommandé la vaccination universelle de tous les nourrissons, en raison du bénéfice attendu, de la qualité et de la durée de la protection immunitaire, et de l'absence de données actuelles permettant de suspecter un risque d'effet secondaire grave. Cette attitude rejoint celle des recommandations de l'OMS. En outre, ils ont préconisé un programme temporaire de rattrapage de la vaccination à destination des enfants et des adolescents non vaccinés pendant la petite enfance, en raison du bénéfice attendu et de l'évaluation du rapport bénéfice/risque qui apparaît nettement favorable à leur vaccination ; vaccination à poursuivre jusqu'à ce que les nourrissons ayant bénéficié de la vaccination universelle aient atteint la préadolescence. Ils ont insisté sur la sérovaccination obligatoire à la naissance des nouveau-nés de mère porteuse de l'antigène HBs : antigène dont le dépistage obligatoire au cours de la grossesse doit être respecté. Enfin, la vaccination des personnes exposées lors d'une situation ou d'un comportement associés à un risque élevé de contamination par le virus de l'hépatite B doit être renforcée. Sans oublier les professionnels de santé.
La mise en œuvre de ces recommandations doit s'accompagner d'une information du grand public et des professionnels de santé, et d'un suivi de leur application et de l'apparition d'éventuels effets secondaires liés à la vaccination. Aujourd'hui, il faudrait que les pouvoirs publics mettent en route des campagnes de vaccination et des messages destinés au grand public afin d'obtenir une banalisation de la vaccination.
D'après un entretien avec le Dr Françoise Degos, service d'hépatologie, hôpital Beaujon, Paris
Populations à risque
• Les professionnels de santé.
• Les nouveau-nés de mère positive pour l'antigène HBs.
• Les personnes à risque élevé d'exposition au virus de l'hépatite B en raison d'une situation ou d'un comportement à risque :
- les usagers de drogue par voie parentérale (intraveineuse ou pernasale) ;
- les personnes adeptes de tatouages ou de percings ;
- les personnes en contact avec un sujet porteur de l'antigène HBs (famille ou collectivité) ;
- les personnes infectées par le VIH ou le VHC ;
- les patients hémodialysés chroniques ;
- les patients et le personnel des structures accueillant des handicapés mentaux ;
- les hétérosexuels ou homosexuels qui ont des partenaires multiples et/ou une maladie sexuellement transmissible récente ;
- les voyageurs en pays de forte endémie ;
- les détenus ;
- les candidats à une greffe.
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