En France, la population des plus de 60 ans, de 12 millions aujourd'hui, sera de 22 millions dans cinquante ans (si tout se passe comme prévu, est-on tenté d'ajouter au vu de la situation internationale). Le problème des retraites est connu ; le renvoi des décisions à la législature suivante, également. Mais au moins est-il du devoir des médecins et des scientifiques de tenter de mettre en place des recherches dont les résultats seront rapidement nécessaires.
Pour le Pr Lucien Israël, en effet, « les sommes allouées à la recherche ne sont rien à côté de ce que va coûter le vieillissement à la société et à l'Etat en termes de prévention et de dépendance ». Et le Pr Maurice Tubiana d'ajouter « qu'il existe sans doute peu de domaines où l'investiss ement sera aussi rentable ».
Pour le Pr Tubiana, les études de cohorte sont au meilleur niveau en France. Le Pr Jean-François Dartigues, qui coordonne l'étude « des 3 cités » (10 000 personnes âgées suivies à Bordeaux, Dijon et Montpellier), rappelle le coût de ces travaux, mais en se félicitant que, par le biais de l'Institut de la longévité, les pouvoirs publics aient au moins « admis que ces études doivent être financées ».
Le principal problème semble être davantage le retard pris dans le domaine des sciences humaines et sociales, indispensables pour tout ce qui touche au vieillissement. On connaît la faiblesse endémique en France des travaux pluridisciplinaires. Pour Henri Léridon (démographe), « ce sont les structures qui sont faibles ». « Il n'existe pas d'unité CNRS en sciences humaines comportant le terme "vieillissement" dans son intitulé. »« Les chercheurs, eux, existent, mais ils sont éparpillés. »
Au-delà des études de population, destinées à dresser un état des lieux, il faudra prendre en charge les pathologies du vieillissement. De nombreuses études d'intervention sont déjà menées dans le domaine cardio-vasculaire. Et le Pr Françoise Forette indique que l'on est aujourd'hui « à l'aube d'études d'intervention dans le domaine de la neurodégénérescence ».
Beaucoup reste à faire, toutefois, en matière de prévention, dans des domaines où l'on sait pourtant intervenir.
Dans le domaine de l'infection, par exemple, le Pr Jean-François Bach souligne qu'un champ important est ouvert en matière de vaccination spécifique de la personne âgée ; champ qui concerne « probablement davantage l'industrie que le monde académique ». De même pour les différents immunostimulants « qui n'ont pas encore été étudiés de manière scientifique ».
Enfin, pêle-mêle, le problème du tabac, de l'alcool, de l'obésité, de la santé au travail. Il n'existe pas, en fait, de problème médical et social que le vieillissement n'affectera pas. Et, manifestement, les différentes académies pressent les pouvoirs publics d'ouvrir le chantier.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature