Démonstration par une étude contrôlée

Il est licite de traiter la cysticercose cérébrale

Publié le 14/01/2004
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DANS LES PAYS en développement, la neurocysticercose, infection du système nerveux central par la larve de Tenia solium, est la cause principale de l'épilepsie acquise. La prévalence du diagnostic tend à augmenter dans les pays industrialisés, du fait de l'immigration provenant des pays d'endémie du tourisme.
A l'origine du travail de Hector Garcia et coll. (Pérou) se trouve une controverse sur l'efficacité du traitement à réduire l'incidence des crises comitiales, qui dure, rappellent les auteurs, depuis plus de vingt ans. L'introduction du praziquantel en 1979 a d'abord été bien accueillie, puis certains se sont interrogés sur l'intérêt de tuer un parasite en symbiose avec le cerveau.
Garcia et coll. ont mené une étude en double aveugle contre placebo chez 120 patients ayant des cysticerques vivants dans le cerveau et qui étaient traités pour épilepsie.

Albendazole et dexaméthasone.

Soixante d'entre eux ont reçu 800 mg d'albendazole et 6 mg de dexaméthasone par jour pendant 10 jours et tous ont été suivis pendant 30 mois.
Une réduction de 46 % du taux des crises comitiales a été constatée dans le groupe traité à partir du deuxième mois après le traitement. « Cette réduction n'est pas statistiquement significative, mais elle se décompose en une réduction non significative de 41 % du nombre des crises partielles et une réduction significative de 67 % du nombre des crises généralisées. »
Un nombre plus important de personnes dans le groupe albendazole ont présenté des crises pendant le traitement et au cours du mois qui a suivi. Cet effet est attribuable à l'inflammation périlésionnellle qui suit l'attaque du kyste. Elle peut être prévenue en augmentant les corticoïdes.
Par ailleurs, pour les auteurs, qui concluent que le traitement présente un avantage indiscutable, « tous les kystes ne sont pas détruits par une cure d'albendazole et les crises comitiales associées à des lésions résiduelles ont peut-être dilué les effets du traitement observés dans l'analyse principale ».

Administré à tous les patients.

Même si des études comportant un suivi plus prolongé sont nécessaires, « il semble que l'élimination expéditive des parasites soit bénéfique et le traitement cysticide devrait être administré à tous les patients présentant une neurocysticercose parenchymateuse active », souligne Julio Soleto (Mexico) dans un éditorial.
« Un facteur de confusion en matière de traitement antiparasitaire de la neurocysticercose tient à la variété des stades parasitaires qui peuvent être en cause. » Leur détermination est cruciale pour le traitement et la prise en charge et les conclusions de l'étude concernent des patients ayant des cysticerques à des stades variés.

« New England Journal of Medicine », 350 ; 3, 15 janvier 2004, pp. 249-258 et éditorial pp. 280-283 et lettre pp. 311-312.

> Dr BEATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7456