LE 22e CONGRÈS ANNUEL de l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), qui se déroulera à Angers (Maine-et-Loire) du 16 au 18 mars*, s'intéressera à la question des pratiques sécuritaires et aux «dérives libérales liées à l'hôpital 2007».
Pour l'USP, qui représente près de 10 % de la profession, principalement dans le secteur public, l'idéologie sécuritaire est entrée en force dans le champ de la psychiatrie au cours des dernières années. «Je n'ai jamais vu autant de patients mis en chambre d'isolement», dit au « Quotidien » son vice-président, le Dr Alain Chabert, chef de pôle au centre hospitalier spécialisé de Bassens, en Savoie. Cela témoigne d'une hantise du problème de la sécurité. Dès qu'un détenu fait une bouffée délirante, le préfet demande un placement en hospitalisation d'office (HO) . Et la prison ne s'arrête pas pendant l'HO. Or cette dernière, telle qu'elle est conçue avec une chambre de contention à la clé, ne résout pas les troubles du patient, qui n'attend qu'une chose: son retour dans l'établissement pénitentiaire, où il dispose de plus de liberté.» En Rhône-Alpes, le phénomène est si répandu qu' «il n'y a plus une seule chambre d'isolement de libre dans toute la région à certaines périodes». Là où il y a une ou deux chambres sécurisées, deux ou trois «pièces d'apaisement» en font également fonction.
Dans le même temps, on «multiplie les internements». Depuis la mise en application de la loi du 27 juin 1990, leur nombre a quadruplé, selon une étude des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques (2003). La procédure d'urgence, qualifiée d' «exceptionnelle» par le législateur, gagne du terrain, pour représenter 40 % des hospitalisations à la demande d'un tiers. «Dans des départements franciliens, les 100% sont atteints», affirme l'USP.
Enfin, l'article 222 du code pénal, qui exonère les malades mentaux de responsabilité pénale ou l'atténue, entraîne des «condamnations de patients plus lourdes que s'il s'agissait de bien-portants. C'est une espèce de folie», estime le Dr Alain Chabert.
* Dr Alain Buzaré, tél. 02.41.80.79.08. USP, tél. 01.46.57.85.85.
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