La tolérance aux antigènes du soi présents dans les débris apoptotiques est essentielle pour maintenir l’homéostasie immunitaire et empêcher les phénomènes d’auto-immunité. Tracy McGaha et coll., une équipe américaine, pour mieux comprendre les mécanismes de la tolérance du soi, ont administré des débris de cellules apoptotiques à des souris. Ce qui suscite l’expression d’une enzyme, l’indoleomine 2,3-dioxygenase (IDO), la même enzyme qui participe à la tolérance du fœtus pendant la gestation. Ils montrent qu’IDO est impliquée dans le développement des maladies auto-immunes, qui ciblent des tissus sains tels que les articulations ou l’ADN.
Sur des souris génétiquement programmées pour développer un lupus, on observe au cours de la phase précédant le développement de la maladie une augmentation anormale de l’expression de l’IDO. Par ailleurs, l’inhibition d’IDO accélère la progression du lupus. À l’inverse, l’exposition chronique de souris déficientes pour IDO à des cellules apoptotiques induit le déclenchement d’un lupus avec ses caractéristiques biologiques, telles que l’autoréactivité du sérum à de l’ADN double brin, les pathologies rénales et l’accroissement de la mortalité.
L’enzyme IDO limite donc l’immunité innée et adaptative aux antigènes libérés par les cellules apoptotiques. Une régulation d’IDO inhibe la pathologie inflammatoire qui accompagne les maladies auto-immunes.
Ces travaux donnent des indications vers des stratégies de recherche dans les maladies auto-immunes.
Faire accroître la production d’IDO ou ses effets dans la cascade d’activités immunitaires pourrait constituer un moyen de regagner la tolérance au soi. Des travaux antérieurs avaient montré que l’attaque contre le soi est présente des années avant que les symptômes de la maladie n’apparaissent. D’autres études ont indiqué que les tumeurs utilisent cette IDO et aussi qu’elle pourrait aider les organes greffés à échapper au rejet.
« Proc Natl Acad Sci », 21 février 2012, doi:10.1073/pnas.1117736109.
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