ICSI : un bilan jugé satisfaisant à l'âge de 2 ans, mais...

Publié le 01/07/2001
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D EPUIS 1992, l'ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde) permet à des hommes infertiles de devenir pères. Actuellement, rien qu'en Europe, 750 centres la pratiquent.

Pourtant, il y a des « mais » : absence de sélection naturelle du spermatozoïde par l'ovocyte, manque de maturité des spermatozoïdes épididymaires ou testiculaires, possibilité d'anomalie génétique ou structurelle du spermatozoïde choisi, effraction de l'ovocyte. On se demande donc si l'enfant n'est pas exposé à des problèmes, d'autant que certaines petites études ont rapporté des anomalies du développement ou autres. Pour en savoir plus, des Britanniques (A. Sutcliffe et coll.) ont conduit une étude cas-contrôles : 208 enfants âgés de 1 à 2 ans, nés après ICSI dans 22 centres, comparés à 208 enfants conçus naturellement.
L'objectif primaire de l'étude était le développement neurologique : pas de différence entre les deux groupes.
Les objectifs secondaires étaient la morbidité périnatale, la santé postnatale et les anomalies congénitales. Le devenir périnatal était le même, en dehors d'un taux plus élevé de césariennes et un poids de naissance plus bas dans le groupe ICSI. Les taux d'anomalies congénitales majeures étaient comparables (4,8 % vs 4,5 %) ; le taux d'anomalies mineures était plus élevé (10,6 % vs 6,3 %). Il y avait plus d'anomalies, notamment génito-urinaires, dans le groupe ICSI lorsque la cause de l'infertilité masculine était une oligospermie ; ce point, estiment les auteurs, mérite d'autres études, d'autant qu'un précédent travail a suggéré un risque accru d'hypospadias après ICSI.
Quoi qu'il en soit, l'étude continue, avec un bilan à 4-5 ans, en collaboration avec d'autres centres européens.
Un éditorialiste (Sergio Oehninger, Etats-Unis) juge ces résultats « rassurants » mais reconnaît qu'il faut des études plus grandes, plus longues et stratifiées en fonction des divers défauts des spermatozoïdes.
Une autre étude (B. Bhattacharya et coll., Royaume-Uni) publiée dans le même numéro du « Lancet » montre que lorsque l'infertilité du couple n'est pas d'origine masculine, l'ICSI n'apporte pas d'avantages par rapport à la FIV classique et incite à réserver cette technique uniquement aux cas d'infertilité masculine.

« Lancet » du 30 juin 2001, pp. 2075-2079, 2080-2084 et 2068-2069 (éditorial).

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6948