Les conséquences d'une hystérectomie sur la vie sexuelle ont fait l'objet de données contradictoires. Certains évoquant une dégradation des sensations après l'intervention, d'autres, au contraire, une amélioration. En outre, quelle part accorder à la voie d'abord ou au type d'intervention sur la fonction sexuelle ?
Une réponse vient peut-être des Pays-Bas, où l'équipe de Jan-Paul W.R. Roovers (Utrecht) a réalisé une étude d'observation prospective. Elle se montre rassurante. Que l'intervention ait lieu par voie vaginale ou haute, totale ou subtotale, le plaisir sexuel des femmes opérées est globalement majoré après l'intervention. Le taux de persistance de troubles antérieurs est abaissé de façon similaire dans les trois groupes ; celui d'apparition de gênes lors des rapports sexuels semblable.
Pour parvenir à ces conclusions, les médecins néerlandais ont enrôlé de janvier 1999 à juillet 2000, dans 13 hôpitaux, 413 femmes devant subir une hystérectomie. Ils ont exclu celles opérées pour cause d'endométriose ou de prolapsus. Six mois après l'intervention, ils ont obtenu les impressions de 352 de ces patientes (toutes ayant un partenaire). Parmi elles, 310 ont continué à mener une vie sexuelle, 10 ont cessé. Parmi les 32 qui n'avaient pas d'activité sexuelle auparavant, 17 ont recommencé. Le type d'intervention n'a pas eu d'influence sur la reprise ou l'arrêt des rapports, pas plus que sur leur fréquence. Le questionnaire montre globalement une amélioration de la vie sexuelle.
Lubrification ou excitation
Une petite différence, non significative statistiquement, est relevée en faveur de la voie vaginale. Cette technique engendre moins de difficultés de lubrification ou d'excitation, les sensations semblent de meilleure qualité.
Parmi les 173 patientes qui décrivaient des troubles sexuels avant l'intervention, le problème a persisté chez 29 (59 %) de celles ayant bénéficié d'une voie basse, 23 (54 %) de celles ayant une hystérectomie subtotale et 45 (56 %) ayant eu une ablation totale de l'utérus. Des troubles sexuels, enfin, sont apparus avec une fréquence similaire dans les trois sous-groupes (23 % voie basse, 24 % subtotale et 19 % hystérectomie totale).
Les auteurs reconnaissent pourtant quelques limites à leur étude.
Tout d'abord, la taille de l'échantillon de population peut sembler trop restreinte pour mettre en évidence de faibles différences statistiques. Ensuite, les patientes n'ont pas été opérées selon tel ou tel type d'intervention après tirage au sort. Dès lors, les résultats ont pu être influencés par des différences de départ concernant les facteurs impliqués dans le bien-être sexuel. Idéalement, le hasard aurait dû déterminer la voie d'abord, mais la majorité des gynécologues ont refusé. Cette décision dépendant trop de l'habileté du praticien sur une technique et de l'indication elle-même
« Notre étude est la première à s'intéresser aux problèmes sexuels vécus comme perturbants. Nous n'avons pas connaissance d'études ayant comparé les conséquences d'une hystérectomie par voie vaginale ou abdominale sur la sexualité », concluent les auteurs.
« British Medical Journal », vol. 327, 4 octobre 2003, pp. 774-777.
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