P LUSIEURS études ont montré que les facteurs de risque vasculaires peuvent jouer un rôle important dans les circonstances favorisant la survenue d'une maladie d'Alzheimer. Mais aucun suivi prospectif n'avait encore été mené du milieu de vie jusqu'à un âge plus avancé, de survenue potentielle de la maladie.
L'étude publiée cette semaine dans le « British Medical Journal », par des neurologues de Kuopo, en Finlande, a consigné des séries d'observations de 1972, 1977, 1982 et 1987. La population cible de l'étude était les personnes âgées de 65 à 79 ans, toujours en vie, et habitant deux zones géographiques précises de la Finlande. Parmi les 2 293 personnes répondant à ces critères, 1 449 candidats randomisés ont été réexaminés durant l'année 1998. La durée de suivi était de onze à vingt-six ans. Le protocole pour les examens à l'âge adulte et lors du réexamen comprenait une prise de pression artérielle, un dosage de la cholestérolémie, une mesure du poids et de la taille, un autoquestionnaire sur les antécédents cardio- et cérébrovasculaires. Le diagnostic de démence était porté à l'issue d'une phase de sélection, de suivi clinique et de diagnostic différentiel selon les critères de l'Association américaine de psychiatrie.
Une atrophie corticale
Au total, 57 participants ont été diagnostiqués déments, dont 48 correspondant à une maladie d'Alzheimer probable ou possible. Toutes les personnes étiquetées Alzheimer avaient une atrophie corticale généralisée ou médio-temporale sans pathologie vasculaire notoire à l'IRM. Les sujets atteints de démence autre qu'Alzheimer (démence vasculaire, maladie de Parkinson, démence alcoolique) ont été exclus de l'étude.
L'analyse statistique après ajustement en fonction de l'âge et de l'indice de masse corporel (facteurs influençant la pression artérielle et la cholestérolémie) a montré une augmentation de la fréquence de la maladie d'Alzheimer chez les personnes avec les chiffres de pression artérielle systolique (PAS), d'IMC et de cholestérolémie les plus élevés en milieu de vie. En revanche, la pression artérielle diastolique (PAD) n'influençait pas la survenue de la maladie puisqu'elle était identique chez les malades et les non-malades en milieu et en fin de vie. Au moment du dernier examen clinique, il n'y avait aucune différence significative entre la PAS, la cholestérolémie et l'indice de masse corporelle des déments et des non-déments. A noter que la combinaison des deux facteurs de risque en milieu de vie majorait le risque de démence même en cas de PAS limite (140-159 mHg).
Deux études longitudinales antérieures avaient déjà trouvé un lien entre l'HTA et la survenue ultérieure d'une maladie d'Alzheimer, mais c'est la PAD qui avait été incriminée. Cette disparité pourrait s'expliquer par la plus ou moins grande efficacité des traitements antihypertenseurs à l'âge adulte. Qu'il s'agisse de la PAD ou de la PAS, toute intervention susceptible de retarder même modestement la survenue d'une maladie d'Alzheimer est bonne à prendre. On ne peut qu'encourager une prise en charge optimale d'un excès de cholestérol et d'une HTA en milieu de vie.
Miia Kivipelto et coll., «British Medical Journal», vol. 322, 16 juin 2001.
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