PRATIQUE
Troisième rang mondial
Par leur fréquence, les allergies viennent au troisième rang dans le monde derrière les cancers et les maladies cardio-vasculaires.
On peut observer tous les degrés de gravité, depuis la rhinite peu invalidante jusqu'à l'asthme aigu grave, l'asthme chronique sévère, les anaphylaxies et les allergies alimentaires mortelles. La fréquence de l'asthme a doublé au cours des quinze à vingt dernières années touchant maintenant 10 % (et davantage) des enfants âgés de 10-15 ans dans les pays industrialisés. Celle des rhinites allergiques se situe entre 20 et 30 %. Les allergies alimentaires atteignent 4 % de la population (tous âges confondus) et 6 à 8 % des enfants.
Avant de décrire les symptômes évocateurs, il faut donner les définitions de l'allergie.
Trois termes sont utilisables avec des significations différentes : hypersensibilité, atopie et allergie (1, 2).
Hypersensibilité
« Hypersensibilité » : symptômes ou signes objectivement reproductibles, provoqués par un stimulus défini à une dose tolérée par les individus normaux.
Atopie
« Atopie » : aptitude personnelle ou familiale à produire des anticorps IgE en réponse à de faibles doses d'allergènes, habituellement des protéines, et à développer des symptômes typiques comme l'asthme, la rhinoconjonctivite et l'eczéma. Autrefois qualifiée de « terrain », l'atopie est génétiquement déterminée.
Allergie
« Allergie » : réaction d'hypersensibilité provoquée par des mécanismes immunologiques.
Ainsi, la rhinite peut être allergique ou non et, dans le cadre de la rhinite allergique, on aura des cas de rhinite IgE-dépendante ou non. Le même commentaire vaut pour les autres symptômes évocateurs d'allergie : asthme, conjonctivite, eczéma, urticaire, anaphylaxie (etc).
Anaphylaxie, allergie digestive et allergie alimentaire
Au sein des réactions allergiques, il convient aussi de définir l'anaphylaxie, l'allergie digestive et l'allergie alimentaire.
- « Anaphylaxie » : ce terme inventé par Richet et Portier (3) à la suite de leur découverte signifie « le contraire de la protection ». L'anaphylaxie aiguë et le choc anaphylactique sont les formes cliniques les plus graves de l'allergie. Les symptômes, graves, touchent plusieurs organes à la fois et débutent rapidement après l'exposition à l'allergène par inhalation, contact, injection et surtout ingestion. Les symptômes sont dus à la libération de médiateurs chimiques (principalement l'histamine) à partir des mastocytes et des polynucléaires basophiles circulants. Il faut distinguer le choc anaphylactique (IgE-dépendant) et les réactions anaphylactoïdes (non IgE-dépendantes) comme le choc histaminique par ingestion d'aliments riches en histamine. La scombroïdose en constitue le meilleur exemple : l'ingestion de chair de poissons mal conservés (thon, maquereau) déclenche en quelques minutes des symptômes qui miment la réaction allergique. La rupture de la chaîne du froid et/ou l'absence de traitement par les antiseptiques provoque le développement de bactéries, à une température optimale située entre 20 et 30 °C, qui transforment l'histidine en histamine (4).
- « Allergie digestive » : symptômes uniquement digestifs liés à l'ingestion d'aliments, à distinguer de « l'allergie alimentaire » qui regroupe tous les symptômes digestifs ou autres, consécutifs à l'inhalation, au contact ou à l'ingestion d'allergènes alimentaires.
Références :
1) Van Cauwenberge P. Changing the Nomenclature : Fashion or Necessity ? « Allergy » 2001 ; 56 : 809.
2) Johansson S. G. O., Hourihane J. O'B, Bousquet J., Bruijnzeel-Koomen C., Dreborg S., Haahtela T., Kowalski M. L., Mygind N., Ring J., Van Cauwenberge M., Wüthrich B. A Revised Nomenclature for Allergy. An EAACI Position Statement for the EAACI Nomenclature Task Force. « Allergy », 2001 ; 56 : 813-24.
3) David B. Biographie de Charles Richet (1850-1935), prix Nobel de médecine en 1913. « Rev Fr Allergol Immunol Clin », 2002 ; 42 : 1-5.
4) Sanchez-Guerrero I., Vidal J.-B., Escudero AI. Scombroid Fish Poisoning : a Potentially Life-Threatening Allergic)Like Reaction. « J Allergy Clin Immuno », 1997 ; 100 : 433-434.
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