Les femmes chez qui une hyperplasie lobulaire atypique (HLA) a été diagnostiquée ont un risque accru de développer un cancer dans le sein atteint par l'affection. Ce résultat, publié par un groupe de chercheurs du Vanderbilt-Ingram Cancer Center (Nashville, Tennessee), va à l'encontre de l'idée, jusqu'à maintenant très répandue, que la probabilité de voir un cancer apparaître chez ces patientes était identique pour les deux seins. Le travail de David Page et ses collaborateurs remet ainsi en cause la pratique de la mammectomie bilatérale prophylactique chez ces femmes.
Page et coll. sont arrivés à ce résultat en se fondant sur l'étude d'une cohorte de plus de 7 500 femmes ayant subi une biopsie mammaire à Nashville entre 1950 et 1985. Des anomalies cellulaires bénignes de type HLA, non traitées par mammectomie, ont été identifiées chez 252 des femmes de cette cohorte. Parmi elles, 50 (20 %) ont, par la suite, développé un cancer du sein. Dans 68 % des cas, le cancer est apparu dans le sein sur lequel l'HLA avait été diagnostiquée. Une tumeur s'est développée en controlatéral chez 24 % de ces femmes ; en bilatéral chez 4 % et la nature du cancer est inconnue pour les 4 % de patientes restantes.
Un précurseur de la tumeur
Deux hypothèses concernant les lésions bénignes associées à un risque élevé de cancer sont couramment formulées. Ces lésions pourraient constituer des marqueurs indiquant qu'un facteur dans l'environnement du tissu favorise le développement de tumeurs. Alternativement, les lésions pourraient tout simplement être des précurseurs des tumeurs. Le travail de Page et coll. ne permet pas de trancher entre ces deux hypothèses. Le fort biais vers le développement d'un cancer en homolatéral laisse à penser que l'HLA est un précurseur de la tumeur. Cependant, le pourcentage non négligeable de cancers controlatéraux, recensés par les auteurs, ne permet pas d'exclure que ces lésions bénignes soient également un indicateur de risques.
Pourtant, Page et coll. espèrent que, au vu de leurs résultats, la prévention des risques de cancer chez les femmes traitées pour une HLA ne passe plus par la mammectomie bilatérale mais par une chirurgie moins mutilante touchant un seul sein et peut-être même uniquement une partie du sein. En effet, des résultats préliminaires semblent indiquer que les tumeurs se développant après une HLA sont regroupées dans la partie centrale du sein.
D. Page et coll., « The Lancet » du 11 janvier 2003, pp. 125-129.
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