Thérapeutiques incontournables dans le traitement des dyslipidémies et dans la prévention du risque cardio-vasculaire, les statines font encore parler d'elles ! Car aux Etats-Unis, en dépit de leur efficacité, de leur sécurité d'emploi et de leur tolérance aujourd'hui bien établies, trop de patients présentant une hypercholestérolémie avec un taux de LDL-C élevé et soumis à un traitement de première intention par statine, n'atteignent pas les valeurs cibles figurant dans les recommandations du Programme national américain d'éducation concernant les paramètres biologiques lipidiques (voir tableau). Les médecins n'adaptant pas toujours les doses pour atteindre les valeurs cibles thérapeutiques recommandées. Dans ce contexte, toute nouvelle molécule qui peut potentiellement améliorer cet état de fait est la bienvenue.
Enrichir l'arsenal thérapeutique
La rosuvastatine (ZD 4522, Crestor) est une nouvelle statine développée par la Recherche AstraZeneca pour répondre et enrichir l'arsenal thérapeutique. Lors de précédentes études de phase II, cette statine a déjà montré qu'elle réduisait de manière significative (plus de 65 %) le LDL cholestérol (1), qu'elle augmentait sensiblement les taux de HDL cholestérol et qu'elle n'induisait pas d'effets adverses inattendus. Pour confirmer ces résultats préliminaires, 14 études de phase 3 ont été menées, incluant plus de 4 000 patients. Trois de ces 14 études ont été présentées à l'ACC concernant au total 1 600 patients. Deux d'entre elles ont évalué l'efficacité de la rosuvastatine dans le traitement d'une hypercholestérolémie légère à modérée ; la troisième (voir encadré) a concerné le traitement de l'hypercholestérolémie hétérozygote familiale.
Dans la première étude de Davidson et collaborateurs, multicentrique (52 centres nord-américains), en double aveugle, groupe contrôle-placebo, en intention de traiter, 516 patients avec une hypercholestérolémie de type IIa et IIb (LDL ≥ 160 et< 250 mg/dl ; triglycérides < 400 mg/dl) ont été randomisés en 4 groupes : les patients recevaient soit 5 mg ou 10 mg/j de rosuvastatine, soit 10 mg/j d'atorvastatine, soit un placebo durant douze semaines après avoir suivi des règles diététiques pendant trois mois.
L'objectif principal était l'évaluation de la variation du taux de LDL-C (en pourcentage) à la fin des douze semaines de traitement par rapport au taux initial. Les objectifs secondaires ont inclus des valeurs des recommandations du PNEC, la variation du taux de HDL-C par rapport au taux initial, le taux de cholestérol total, le taux des triglycérides et des fractions lipoprotéiques à la fin de l'étude par rapport au début.
Un LDL-C diminué de 41 % en moyenne
Les résultats ont été les suivants : le LDL-C était diminué de 40 % sous rosuvastatine 5 mg, de 43 % sous rosuvastatine 10 mg ; de 35 % sous atorvastatine 10 mg. Les résultats concernant les deux posologies de la rosuvastatine étaient significatifs par rapport à celle observée sous atorvastatine (p < 0,01 et p < 0,001, respectivement). La rosuvastatine a augmenté de 13 % (groupe sous 5 mg) le HDL-C et 12 % (groupe sous 10 mg), contre 8 % dans le groupe atorvastatine 10 mg.
A la fin des douze semaines, 84 % des patients sous rosuvastatine ont atteint les recommandations du PNEC, contre 73 % dans le groupe atorvastatine. Cet atout clinique était d'autant plus significatif parmi la population à risque.
Les patients sous rosuvastatine 5 mg et 10 mg ont eu une diminution de 17 % et de 19 % des triglycérides, respectivement, contre 19 % dans le groupe atorvastatine. L'incidence des effets indésirables étaient similaires dans les différents groupes de traitement ; sous rosuvastatine, un peu plus de 3 % des patients ont eu des signes à type de constipation, de flatulences, de nausées et de myalgies.
La deuxième étude de Paoletti et collaborateurs randomisée, contrôle, en double aveugle, en intention de traiter, a concerné 502 patients dans 69 centres européens. Ces derniers ont été randomisés dans quatre groupes ; ils recevaient soit 5 mg ou 10 mg de rosuvastatine, 20 mg de pravastatine ou 20 mg de simvastatine. Cette étude suivait exactement le même protocole que la précédente et les patients avaient le même profil lipidique. Sous rosuvastatine, le taux de LDL-C a diminué de 42 % sous 5 mg de rosuvastatine et 49 % sous 10 mg, contre 28 % sous pravastatine et 37 % sous simvastatine. Des diminutions des différents taux de triglycérides et HDL-C ont été observés dans les différents groupes. L'incidence d'événements adverses étaient comparables dans les quatre groupes de traitement.
Ces résultats montrent qu'il faudra sans doute compter dans les prochaines années sur cette nouvelle statine, la rosuvastatine, qui devrait être commercialisée en France à partir de 2002. Donc, patience !
(1) Olsson AG. Pharmacodynamics of new HMG-CoA reductase inhibitor rosuvastatin in patients with primary hypercholesterolemia. Presented at : the 12th International Symposium on Atherosclerosis ; June 25-29, 2000 ; Stockholm, Suède.
D'après un symposium organisé par les laboratoires Astra Zeneca international dans le cadre du congrès de l'ACC.
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