Hygiène des mains : friction hydro-alcoolique plutôt que lavage

Publié le 20/01/2002
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De 6 à 10 % des patients touchés, jusqu'à 600 000 personnes par an et 10 000 morts, selon un avis de la Commission de sécurité des consommateurs de septembre 2000 : les infections nosocomiales font des ravages.

Le ministre de la Santé a lancé en 1995 un plan national qui a été renforcé en 2001, notamment pour améliorer la qualité des activités de désinfection et de stérilisation et pour élargir la lutte au milieu libéral (un groupe de travail associant professionnels et représentants de l'Ordre a été mis en place). Au printemps, on devrait connaître les résultats de la deuxième grande enquête de prévalence. Et une évaluation du nouveau dispositif de signalement est également prévu pour ce début d'année.
Dans la lutte contre les infections nosocomiales, le lavage des mains joue un rôle essentiel. A l'hôpital, la transmission des germes se fait essentiellement par les mains du soignant. Et aussi conscient du risque soit-il, il n'a pas toujours le temps ou les moyens de se laver convenablement les mains. Le Comité technique national des infections nosocomiales, tenant compte des recommandations de la Société française d'hygiène hospitalière, s'est penché sur la question et l'avis qu'il vient de rendre, pour être technique, comme il se doit, n'en promet pas moins des progrès sensibles.
Le comité constate que l'hygiène des mains « se heurte à de nombreuses difficultés techniques et pratiques d'application », la plus importante étant le manque de temps pour se laver les mains aussi souvent et aussi longtemps que nécessaire. L'application des recommandations en la matière « ne dépasse que trop rarement 50 % », et ce pour l'ensemble des professions de santé, médicales, paramédicales et autres personnels non médicaux. Certes, des améliorations peuvent être obtenues par des audits d'observation et des actions d'éducation, mais elles sont le plus souvent transitoires.

Plus rapide, plus simple

C'est pourquoi le comité recommande, en lieu et place du lavage au savon (qu'il soit doux ou antiseptique), une friction avec une solution hydro-alcoolique (sauf dans le cas de mains souillées par des liquides ou des matières organiques). Avantages : une durée d'application inférieure à celle du lavage ; des solutions facilement et à tout moment accessibles, à proximité du lit du malade ; une utilisation simple, sans matériel supplémentaire ; une tolérance cutanée meilleure.
« Ce geste simple et rapide peut être effectué chaque fois que cela est possible, c'est-à-dire lorsque les mains sont visuellement propres, non souillées par des liquides ou matières organiques, sèches et en l'absence de talc et poudre », indique l'avis. Et l'implantation dans les établissements de santé de cette méthode de désinfection devrait s'accompagner « d'une large campagne incitative et d'explication », avec un programme de formation du personnel soignant, en particulier dans les services à haut risque infectieux.
En 1995, des médecins des Hôpitaux universitaires de Genève avaient lancé un programme de promotion de l'hygiène des mains (« Lancet » du 14 octobre 2000 et « Quotidien » du 17 octobre 2000). Ils avaient pu éviter en trois ans plus de 900 infections nosocomiales, pour un coût estimé à moins de 380 000 F. Mais si les infirmières avaient suivi les consignes, le respect des règles d'hygiène restait bas chez les médecins (31,1 %). « Une question non résolue et contrariante », disaient les spécialistes genevois. La friction hydro-alcoolique offre peut-être une solution.

Renée CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7048