La santé en librairie
Marques de la diversité et de la richesse culturelle, expressions de la pensée ou instruments de conceptualisation, matériaux de jeux (de mots) ou outils d'exercice du pouvoir, les 6 700 langues répertoriées actuellement sont autant de symboles de richesse et de créativité, nous dit cette psycholinguiste. C'est la richesse générative du langage, et donc des langues, qui nous a ouvert à l'imaginaire comme à la raison et aux sciences. Etudier l'art du langage ouvre aussi des horizons multiples, de la neurologie à la philosophie en passant par l'anthropologie et la musicologie.
Entre langues flexionnelles (comme le français), isolantes (comme le chinois), et agglutinantes (comme le turc), l'auteur est à son aise pour évoquer savamment mais avec simplicité les questions que nous nous posons depuis que nous avons des mots pour le dire : qui sont les polyglottes ? Sommes-nous maîtres de nos mots ? Peut-on communiquer sans parler ? Quel est l'avenir du français ? Que sait-on des premières langues ? Qu'est-ce que le bégaiement et d'où vient la dyslexie ? Et bien d'autres encore.
Faut-il penser pour parler ou l'inverse ? Quel est le rôle de la langue dans l'organisation physique et psychique du monde, dans notre mode de pensée et notre vision du monde ? Deux questions qui semblent encore incomplètement résolues. L'auteur évoque avec clarté les arguments principaux de ce débat.
Renoncer aux idées reçues
Essayer de comprendre ce qu'est le langage impose de renoncer aux idées reçues et d'être ouvert à toutes les hypothèses de travail. Avec les langues et les mots, des milliers de combinaisons sont possibles. « Sous cette diversité se retrouve l'unité physique de l'espèce humaine, comme sous la variété des individus leur appartenance à l'humanité », nous explique Bénédicte de Boysson-Bardies.
Langue qui fourche, lapsus, mots d'initiés ou langue de bois, les mots ont mille tours dans leur sac pour nous surprendre, nous agacer ou nous faire sourire. C'est pour cela que « l'on ne peut pas prendre un mot au pied du son, ni au pied de la lettre », dit avec malice Raymond Devos, cité par Bénédicte de Boysson-Bardies. Parlons-en !
« Le langage, qu'est-ce que c'est ? », Bénédicte de Boysson-Bardies, éditions Odile Jacob, 238 pages, 21,50 euros
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