« Huma » du manche ?

Publié le 28/05/2001

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ZENON

Dure, dure, la vision des choses du militant communiste d'aujourd'hui. Pas facile, facile, sa lecture du quotidien « l'Humanité », depuis qu'a été débarqué son directeur Pierre Zarka, pourtant un « dur », qui avait compris que les mots d'ordre du Parti ne passaient plus dans son quotidien. Au contraire, « l'Huma » va redevenir un grand-petit-peu organe du Parti, sur la vie duquel quatre pages hebdomadaires seront proposées au lecteur en juin.
Mais « l'Humanité » va mal. Alors, elle se donne un « nouvel élan », comme le titrait « l'Humanité Hebdo » des 19 et 20 mai, à propos des assises du journal au Cirque d'Hiver. « Décryptage », comme le dit le sous-titre d'un éditorial tourmenté, où l'on lit que la SHIP (Société Humanité Investissement Pluralisme) ne disposera jamais de plus de 20 % du capital du journal, « quels que soient les apports ultérieurs ». Suit cette petite phrase : « Elle (la SHIP) rassemble des entreprises privées telles que Hachette ou TF1, des entreprises publiques comme les Caisses d'épargne et un pôle mutualiste et de l'économie sociale. » Toutes ces braves instances vont apporter plus de 20 millions de francs au journal, en « respectant l'identité communiste ».
Bref : le grand capital représenté par Bouygues et Lagardère vient au secours de son ennemi de classe ! C'est d'autant plus dur à avaler pour le sus-mentionné militant qu'on n'a jamais vu ledit grand capital investir à fonds perdus ! D'ailleurs, le vrai titre de « l'Huma Hebdo » en question portait sur la manifestation londonienne devant le siège de Marks & Spencer et, quelques pages plus loin, un article sur les licenciés de chez Danone mettait en garde les « p'tits LU » « contre les promesses de Riboud, père et fils ». Si Riboud n'entre pas au capital de « l'Huma », il aurait pu.
Donc, avec deux grands capitalistes dans la maison, le nouveau directeur, Patrick Le Hyaric, pourra à loisir vilipender les grands patrons à longueur de colonnes, faisant écho au gauchissement de Robert Hue et de tout l'appareil, encore sonnés par les derniers résultats électoraux, et actuellement à la recherche d'un ou d'une candidate à la présidentielle !
Lors du conseil national du Parti (18 mai) sur l'avenir du PCF, on a parlé de tout, sauf de l'entrée de ces deux loups dans la bergerie. Une sorte d'autisme aussi admirable que la BA de MM. Bouygues et Largardère, qui ne veulent peut-être pas désespérer leur prolétariat, qui sait ?