De notre correspondante
à New York
« Bien que cette investigation n'ait été conduite qu'in vitro et chez un petit nombre de souris, les résultats sont prometteurs et justifient la poursuite de cette voie de recherche », déclare le Dr Harry Preuss (Georgetown University Medical Center, Washington DC), qui a présenté ses résultats au congrèès annuel de l'American College of Nutrition, à Orlando (Floride). « Les huiles naturelles pourraient apparaître comme de précieux adjuvants, voire des alternatives à de nombreux germicides, dans une variété d'affections. »
Les propriétés antibactériennes et antifongiques de certaines huiles volatiles aromatiques, comme l'huile d'origan et l'huile de cumin, sont connues depuis l'Antiquité, explique le Dr Preuss.
Des propriétés antifongiques
« Nous avons précédemment démontré dans une étude in vitro et chez le rat que l'huile d'origan possède des propriétés antifongiques contre Candida albicans », explique-t-il au « Quotidien ».
L'équipe a maintenant recherché des propriétés contre Staphylococcus aureus. Cette bactérie, responsable, on le sait, d'intoxications et d'infections aussi bien superficielles que profondes, est la première cause de septicémie, d'infections du site opératoire et d'infections sur prothèses aux Etats-Unis ; la dissémination de souches de plus en plus résistantes aux antibiotiques pose un défi de taille à la médecine.
Les chercheurs ont mélangé dans un tube à essai une culture de la bactérie et de l'huile d'origan et ont comparé les effets de cette huile à ceux des antibiotiques standards (pénicilline, streptomycine et vancomycine).
L'huile d'origan à une dose relativement faible (0,25mg/ml), rapportent-ils, inhibe complètement, in vitro, la croissance du staphylocoque, tout comme les antibiotiques standards.
La septicémie à staphylocoque de la souris
Les chercheurs ont ensuite étudié son efficacité thérapeutique, ainsi que celle de son principal composant, le carvacrol, chez la souris présentant une septicémie à staphylocoques. Dix-huit souris infectées par le S. aureus (cinq fois la LD 50) ont reçu par gavage oral pendant trente jours diverses quantités d'huile d'origan (n = 6) ou de carvacrol dans de l'huile d'olive (excipient) (n = 6), ou de l'huile d'olive seule (n = 6 ; témoins). La moitié des souris traitées par l'huile d'origan survit au-delà de trente jours (avec effet dose-dépendant), tandis qu'aucune des souris traitées par l'huile d'olive ne survit plus de trois jours. Les souris traitées par le carvacrol ont aussi une survie prolongée (avec effet dose-dépendant), mais aucune ne survit plus de vingt et un jours ; cela suggère que d'autres composants de l'huile d'origan (d'autres dérivés phénols comme le thymol) sont aussi dotés de propriétés antibiotiques.
L'équipe espère maintenant trouver un soutien financier pour poursuivre ses travaux ; les chercheurs aimeraient tester l'huile d'origan contre le staphylocoque résistant à la vancomycine et dans des modèles d'infection cutanée ou de cicatrisation des plaies chez la souris.
L'huile d'origan, ainsi que d'autres huiles aromatiques, pourraient également être efficaces contre le streptocoque et d'autres germes, signale le Dr Preuss au « Quotidien ».
Dans ses premières applications, l'huile d'origan, imagine-t-il, pourrait éventuellement être utilisée en pommade contre l'érythème fessier du nourrisson et sous forme de bains de bouche antiseptiques.
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