INVITÉE à la Conférence Économie Santé (1), l’ancienne ministre de la Santé a indiqué avoir finalisé son rapport de 200 pages que lui avait commandé en avril Nicolas Sarkozy pour répondre au malaise de la médecine libérale. « J’ai fini d’écrire ce rapport depuis peu, a confié Elisabeth Hubert. Je le remettrai dans quelques jours. Ce sera un élément important de la feuille de route du nouveau ministère de la Santé. » Sans rentrer dans le détail de toutes les mesures préconisées dans son rapport, la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD) a précisé que celui-ci était composé de trois volets dont un important chapitre sur la formation. Le deuxième volet porte sur la coopération entre les professionnels de santé et le troisième sur les nouveaux modes de rémunération.
Elisabeth Hubert a affirmé que des mesures structurelles devraient être prises immédiatement mais que nombre d’entre elles auraient un effet à moyen ou à long terme. « La formation que nous délivrions en 1958 dans les facultés de médecine n’est plus celle qu’il convient de dispenser en 2010. Elle est trop spécialisée, centrée sur l’hôpital et cela concourt à la désaffection de la médecine générale. »
Elisabeth Hubert a par ailleurs expliqué que les épreuves classantes nationales (ECN) n’étaient pas « en adéquation avec les besoins ».« Un interne de Marseille reçu à Amiens n’y va pas de gaîté de cœur et repart dans le sud dès la fin de son internat », a-t-elle ajouté. L’ancienne ministre de la Santé a souligné la nécessité de renforcer la téléformation et la télémédecine. « La France est en retard dans ce domaine », a-t-elle indiqué avant de préconiser « un grand plan d’informatisation qui ne coûte pas aux professionnels de santé ». « Le DMP ne prévoit pas de volet médical de synthèse sur l’état du patient et je pense que c’est une erreur », a-t-elle affirmé.
Parmi les enjeux pour l’avenir du système de santé, Elisabeth Hubert pointe la nécessité de « renforcer les coopérations entre les professionnels de santé » et d’accompagner les maisons et pôles de santé pluridisciplinaires.
Enfin, l’ancien médecin généraliste s’est déclaré partisane de l’élaboration d’une rémunération en trois niveaux. Le paiement à l’acte resterait le premier niveau de consultation pour les actes simples. Le deuxième niveau comprendrait une forfaitisation pour les soins coordonnés. Enfin, un troisième niveau permettrait de rémunérer la structure où les soins sont dispensés. « La rémunération actuelle est complexe avec de multiples majorations, a estimé Elisabeth Hubert. Je défends une CCAM (classification commune des actes médicaux) clinique avec une grille de tarifs simple », a-t-elle déclaré.
L’auteure du rapport défend par ailleurs « les aides à l’installation, une protection sociale pour les femmes médecins, une meilleure organisation de la permanence des soins ». « Il faut inciter les jeunes à s’installer en libéral mais aussi en accompagnant des praticiens qui n’ont aucune raison de le faire à se regrouper, a-t-elle clamé. Il faut dédramatiser un exercice qui est devenu une source d’inquiétude ». Elisabeth Hubert a conclu son intervention en présentant plusieurs autres pistes : « Il faut des incitations financières et pourquoi pas faire appel aux médecins retraités, pourquoi pas aux remplaçants ou aux internes qui ont fini leur cursus en leur demandant un temps de remplacement dans des territoires en difficulté. »
(1) Le forum Économie Santé est organisé par « Les Echos » et « le Quotidien du Médecin »
Quotimed.com, le 18/11/2010
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