L E virus HTLV1 (Human T Leukemia Virus), découvert en 1981, a été le premier rétrovirus qui soit identifié.
L'infection, qui est souvent asymptomatique, est présente à un niveau élevé au Japon (12-16 %), dans certaines régions d'Afrique, dans plusieurs pays d'Amérique latine (notamment Pérou, Brésil, Colombie) et aux Caraïbes.
Conduites sexuelles à risque
On sait que le virus peut être transmis par différentes voies : sang, rapports sexuels, transmission mère-enfant.
En Amérique latine et aux Caraïbes, l'infection est prévalante chez les prostituées (7-25 %) et chez les hommes vus en consultation de MST (5-10 %). « Il n'y a pas de doute que le HTLV1 est une MST en Amérique latine », indique Eduardo Gotuzzo (université Peruana Cayetano Heredia, Lima). « Le virus est présent dans le sperme et les sécrétions vaginales, et est plus facilement transmis des hommes aux femmes que des femmes aux hommes. Une séropositivité est plus souvent observée dans le groupe à haut risque sexuel, comme chez les prostituées et les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes. »
Deux études conduites chez des prostituées de Lima ont montré que le taux d'infection par le HTLV1 est de seulement de 1,7 % chez celles qui utilisent des préservatifs, mais de 10,3 % chez celles qui n'en utilisent pas. D'autres études péruviennes ont aussi montré que le préservatif confère une protection.
L'équipe de Gotuzzo a étudié un groupe de 83 Péruviennes et leurs enfants pour analyser le taux de transmission verticale. L'infection a été retrouvée chez 1 sur 10 (10 %) des enfants non nourris au sein ; chez 5 sur 52 (10 %) enfants nourris au sein pendant moins de six mois et sur 43 sur 134 (32 %) enfants nourris au sein pendant plus de six mois.
Le virus est présent chez les Américains natifs, qui ont peuplé l'Amérique préhispanique. Certains chercheurs ont pensé que le virus a été introduit en Amérique latine il y a plusieurs siècles par des sujets ayant des ancêtres africains. Mais cette hypothèse a été mise à mal par la découverte, au Chili, du virus chez une momie de l'ère précolombienne.
Cependant, le virus est également trouvé chez des Latino-Américains descendants de Japonais.
Les deux principales maladies associées au HTLV1 sont la leucémie-lymphome à cellules T et la paraparésie spastique tropicale. En Amérique latine, cette dernière est essentiellement présente au Brésil, en Colombie, au Chili, au Pérou et, dans une moindre mesure, à Panama, en Equateur, en Argentine... Une faible proportion de patients infectés développent une paraparésie spastique (4 %). Typiquement, le début de la maladie est lente ; toutefois, de 10 à 15 % des cas récemment diagnostiqués au Brésil et au Pérou sont à évolution très rapide.
Lymphomes non hodgkiniens
Environ 300 nouveaux cas de lymphomes non hodgkiniens sont détectés chaque année à Lima. Au moins 10 % de ces cas surviennent chez des individus infectés par le HTLV1.
Enfin, les sujets infectés à la fois par le VIH et le HTLV1 ont un risque plus élevé de développer un SIDA que ceux qui ne sont infectés que par le VIH. En 1990, l'étude menée au Pérou par Eduardo Gotuzzo a montré que les patients infectés par les deux virus et non traités vivent deux fois moins longtemps que les patients infectés par le VIH seulement.
« ASM News », vol. 67, n° 3, 2001, pp. 144-146.
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