« Les résultats de notre étude prospective à grande échelle démontrent que, après ajustement pour les facteurs de risque classiques dont la mesure de la pression artérielle au cabinet, la mesure ambulatoire de la pression artérielle sur 24 heures fournit des informations pronostiques supplémentaires concernant les événements cardio-vasculaires, incluant le devenir combiné des infarctus du myocarde fatals ou non fatals des AVC. Toutefois, cette mesure n'a pu prédire le risque de décès de quelque cause que ce soit. »
Si les conclusions du travail international, présenté par Denis L. Clément (Gand, Belgique) et coll. dans le « New England Journal of Medicine », sont en accord avec celles de travaux antérieurs, elles présentent l'originalité d'être établies à partir de patients sous traitement à l'inclusion. Jusqu'à présent, la grande majorité des études sur la mesure ambulatoire de la PA avaient été conduites chez des sujets indemnes de traitement à l'inclusion ou sous placebo.
De façon prospective sur 5 ans
Le travail multicentrique a été mené de façon prospective sur 5 ans, en moyenne, auprès de 1 963 patients. Le suivi tensionnel a été fait classiquement au cabinet médical et par surveillance ambulatoire. Au terme de l'étude, 157 événements cardio-vasculaires ont été enregistrés. L'analyse statistique du risque a été faite après ajustement en fonction de l'âge, du sexe, du tabagisme, d'un éventuel diabète, de la cholestérolémie, de l'indice de masse corporelle, de l'éventuelle prise d'hypolipémiants et, enfin, de l'existence d'antécédents cardio-vasculaires.
Le calcul montre que le risque d'accident cardio-vasculaire est prédit plus efficacement par la mesure ambulatoire que par le suivi au cabinet. Surtout, « les patients dont la pression systolique moyenne sur 24 heures était de 135 mmHg ou plus, lorsqu'ils recevaient un traitement, étaient près de deux fois plus à risque d'événement cardio-vasculaire que ceux dont la pression systolique moyenne sur 24 heures était inférieure à 135 mmHg, quelles que soient les pressions artérielles au cabinet », résume, dans un éditorial, William B. White (Farmington, Connecticut). Il ajoute que l'automesure tensionnelle à la maison et au travail permettrait d'évaluer l'existence d'une différence avec les chiffres enregistrés au cabinet avant d'envisager la mesure ambulatoire. Ainsi, certains sujets aux chiffres normaux en automesure, mais élevés en contrôle continu, tireraient avantage d'un traitement. D'autres patients, au contraire, dont la pression artérielle ambulatoire est inférieure à 130/80 mmHg, éviteraient un inutile traitement antihypertenseur.
Réduire les surprescriptions
Il poursuit : « Des questions restent en suspens concernant l'usage optimal de la mesure tensionnelle ambulatoire dans le diagnostic et la prise en charge de l'HTA. » Des travaux sont nécessaires pour s'assurer que cette méthode de surveillance peut réduire les surprescriptions chez des patients à l'HTA apparemment rebelle au cabinet. Il achève son commentaire en confirmant l'intérêt de la mesure ambulatoire chez des patients à risque dont les chiffres sont normaux au cabinet ou au moment du pic d'efficacité des antihypertenseurs.
« New England Journal of Medicine », vol. 348, n° 24, 12 juin 2003, pp. 2377-2376 (éditorial) et 2407-2415.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature