D EPUIS plus de vingt-cinq ans, on essaie de savoir s'il existe une relation entre risque de cancer et médicaments antihypertenseurs. Des travaux ont suggéré que plusieurs protocoles (exemple : réserpine, diurétiques, bêtabloquants, IEC, antagonistes calciques) sont associés à un risque accru de cancer du sein, du rein et du tractus gastro-intestinal, notamment. Toutefois, aucune explication plausible n'a été avancée.
De plus, le risque pourrait n'apparaître qu'à long terme et il pourrait exister une compétition entre deux risques mortels (décès cardio-vasculaire versus décès par cancer). Surtout, il existe un élément de poids dont il faut tenir compte : l'accroissement du risque de décès par cancer se voit autant chez les hypertendus traités que chez les hypertendus non traités ; ce qui signifie que l'HTA elle-même pourrait être un facteur de risque de cancer.
Une population d'hypertendus âgés traités
Il fallait y voir plus clair. Pour cela, une équipe suédoise a décidé d'analyser la fréquence des cancers dans une population de personnes âgées incluses dans l'étude STOP-Hypertension-2.
Cette étude prospective, qui a duré cinq ans, avait pour but de comparer la mortalité cardio-vasculaire chez des hypertendus âgés prenant, de façon randomisée, trois types de traitement : conventionnel (diurétiques, bêtabloquants), antagonistes calciques ou IEC. Ainsi, 6 614 sujets âgés (moyenne de 76 ans) ont été appariés à des sujets notifiés dans le registre suédois des cancers. Le nombre de cancers a été comparé entre ces deux populations, ainsi qu'entre les trois groupes de traitement antihypertenseur.
A l'entrée dans l'étude, 9 % (n = 607) des patients avaient déjà un cancer. Pendant, le suivi, il y a eu 625 nouveaux cas de cancer chez 590 patients. Mais la fréquence des cancers ne différait pas de façon significative entre les trois groupes de traitement antihypertenseur.
« On n'a pas constaté de différence dans le risque de cancer entre les patients assignés au hasard à un traitement conventionnel, aux antagonistes calciques ou aux IEC. Ainsi, le message général pour les médecins est qu'il faut porter plus d'attention à l'abaissement des chiffres tensionnels qu'au risque de cancer », concluent les auteurs.
« Lancet » du 18 août 2001, pp. 539-544.
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