Les études et les recommandations des cinq dernières années reconnaissent la valeur du test de détection du papillomavirus humain (HPV) aussi bien dans le cadre du dépistage du cancer du col que devant des anomalies de la cytologie cervicale. Le point dans le cadre de la conférence de consensus d’experts avec Chris Meijer et Walter Kinney*.
L’ADN DES papillomavirus à haut risque est détecté dans tous les prélèvements issus du cancer invasif du col et les papillomavirus à haut risque sont reconnus comme agents étiologiques nécessaires au développement du cancer du col. C’est dire l’intérêt du test HPV dans une stratégie de dépistage. Certes, le dépistage à grande échelle par frottis de bonne qualité a permis de réduire le taux des cancers du col, mais certains problèmes deumeurent : les résultats dépendent de la qualité du prélèvement et de la lecture des lames, de plus les dépistages doivent être répétés régulièrement.
Cuzick et coll. (2006) ont procédé à la revue de onze études européennes et nord-américaines effectuées dans des pays où le dépistage du cancer du col est organisé.
Plus de 60 000 femmes ont été incluses dans ces études ; elles avaient toutes bénéficié d’une cytologie de routine et d’un test HPV. La sensibilité et la spécificité respective des deux méthodes de dépistage ont pu ainsi être comparées. L’analyse s’est effectuée sur l’ensemble des femmes, mais aussi par tranches d’âge (moins de 35 ans, de 35 à 49 ans et plus de 50 ans). La prévalence du virus HPV à haut risque fut également notée par rapport à l’âge.
L’analyse des résultats de ces onze études montre que le test de dépistage du HPV à haut risque présentait une sensibilité globale de 96,1 % contre 53 % pour l’examen cytologique dans l’ensemble des études portant sur des néoplasies de haut grade (CIN2+ et CIN3+) et une spécificité de 90,7 % contre 96,3 % pour la cytologie. La sensibilité du test HPV était identique pour toutes les études, tandis que celle de la cytologie variait considérablement (de 18,6 % à 76,7 %).
La sensibilité du test HPV était uniformément haute, quel que soit l’âge des femmes, tandis que celle de la cytologie était bien meilleure chez les femmes après 50 ans que chez les plus jeunes (79,3 % contre 59,6 %) La spécificité de l’ensemble des tests diminuait avec l’âge.
Ces données démontrent la possibilité de l’utilisation du seul test HPV dans le dépistage primaire du cancer du col, la cytologie pouvant être réservée aux femmes ayant un test HPV+. Pour les auteurs de l’analyse, ces modalités permettraient de réduire le nombre de dépistages, tout en diminuant la fréquence du cancer du col utérin.
Recommandations.
Aujourd’hui, aux Etats-Unis, le dépistage repose encore sur la cytologie pour les femmes jeunes et est effectué trois ans après les premières relations sexuelles ou, quel que soit l’âge de celles-ci, à partir de 21 ans. Le test HPV à haut risque est autorisé en association avec l’examen cytologique pour le dépistage du cancer du col chez les femmes âgées de 30 ans et plus qui constituent le groupe présentant le risque le plus élevé de développer un cancer du col. La valeur prédictive hautement négative d’un test HPV négatif et d’une cytologie normale permettrait d’élargir l’intervalle entre deux dépistages de trois à cinq ans. En Europe, le dépistage du cancer du col commence généralement vers l’âge de 20 ans et se fonde sur les frottis recommandés tous les trois ans. Le test HPV peut être recommandé à partir de 30 ans. Compte tenu de l’histoire naturelle du cancer et de l’infection à HPV, l’intervalle entre deux tests peut être de cinq ans, voire plus. Il est évident, enfin, que dans les pays en voie de développement, le test HPV est un moyen rapide et fiable de dépistage.
Si le test HPV offre une sensibilité et une valeur prédictive négative avoisinant les 100 %, permettant ainsi de déclarer avec quasi-certitude qu’une femme ne fait pas partie de la population à risque, il est également recommandé dans l’évaluation du suivi des femmes présentant des résultats de cytologie douteux.
L’Agence internationale de recherche sur le cancer (International Agency for Research on Cancer – IARC) déclarait en 2005 que l’utilisation du test HPV permettait de réduire l’incidence et la mortalité du cancer cervical, qu’il était probablement aussi efficace que la cytologie et qu’il était logique d’utiliser pour un certain groupe de femmes le test le plus sensible puis le plus spécifique si le premier est positif.
* Le rapport final sera disponible auprès d’Eurogin : www.eurogin.com Arbyn M et coll. J Natl Cancer Inst. 2004 ; 96 : 280-293.
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